samedi 31 mai 2014

256 L'orientation idéologique des zones dites « érogènes »

L'orientation idéologique des zones dites « érogènes » est un produit de la Culture et non une fatalité naturelle. Ainsi, par exemple, quantité de femmes et jeunes filles apprécient le fait de voir l'organe sexuel masculin, tout au moins celui d'hommes qu'elles aiment bien. Et, à l'occasion, aimeraient bien le toucher, jouer avec, sans pour autant souhaiter automatiquement le coït.

Mais, l'interprétation idéologique de cette zone anatomique fait croire aux femmes et aux hommes que cette vue, ces gestes, impliquent l'acte sexuel. Un journal féminin écrivait même, il y a quelques années, que le sexe masculin « était une bombe ». Il suffirait qu'une femme le touche, pour que l'homme concerné, automatiquement se jette sur elle pour « faire l'amour ».

Or, le mécanisme du désir est plus délicat et complexe que ça. Une femme et un homme n'ont pas automatiquement et réciproquement envie du coït simplement parce qu'on fait du touche zizi. Mais, abusé par leur stupide culture, bien des personnes des deux sexes croient qu'il en est ainsi. Sans éprouver de désir réel, elles s'appliquent alors à faire une chose dont elles n'ont pas vraiment envie. Elles galvaudent l'acte sexuel. D'autant plus facilement que, même si elles n'en ont pas envie, elles se disent qu'il faut le faire pour l'autre, qui en aurait envie.

Finalement, sans l'avouer et souvent se l'avouer, elles trainent les pieds, rechignent à une activité artificiellement programmée. Pour cette raison quantité de femmes et jeunes filles éviteront de chercher à voir, toucher, jouer avec l'organe sexuel masculin. Y compris d'hommes qu'elles connaissent et apprécient. Même si elles en ont envie. Elles renonceront à leur désir et plaisir pour avoir la paix. Et ne pas être dérangé par un acte sexuel mal venu.

L'organe sexuel masculin n'est pas le seul organe ainsi délaissé, victime de l'orientation idéologique qui lui est accordée dans notre Culture. Ce problème concerne toutes les zones anatomiques classées "zones érogènes". Car elles aussi prétendument liées à la réalisation automatique de l'acte sexuel. Ainsi, dans le monde actuel, il est quasiment impossible de caresser les seins d'une copine proche, simplement pour les caresser et rien de plus. C'est-à-dire pour le plaisir de caresser pour l'un. Et être caressée pour l'autre. D'où vient cette impossibilité ? De ce que la société a abusivement codifié ce geste en un annexe de l'acte sexuel. Ou bien, il est refusé par la volonté de refuser l'acte sexuel. Ou bien, il est accepté comme prologue, accompagnement ou suite à celui-ci.

Certains hommes machos refusent d'ailleurs de s'occuper des seins de leur petite amie et préfèrent ne s'occuper que d'autres endroits. Pour eux, s'attarder sur les seins représente une perte de temps. Ils préfèrent aller à l'essentiel pour eux : le coït. De plus, s'occuper des seins leur apparaît comme un geste infantilisant car rappelant la tétée.

Il existe des vidéos pornos où on ne touche pratiquement pas les seins des dames, y compris quand ils sont superbes. C'est dire la médiocrité sensuelle de ce genre de productions.

J'ai connu une dame jolie qui avait eu pas mal d'amants. Aucun ne s'était occupé à lui caresser les seins, m'a-t-elle dit. Ils étaient très petits. Il semblerait que les seins très petits sont nettement plus sensibles aux caresses que les gros seins. Mais, pour bénéficier de cet avantage sensuel, encore faut-il avoir l'occasion de vivre ces caresses, ce qui n'est pas toujours le cas.

Les seins ne sont pas les seuls perdants en matière de câlins. Quantité de femmes n'ont jamais reçus de caresses sur le dos, par exemple. J'en ai rencontré. Et elles avaient déjà eu plusieurs amants dans leur vie.  

Un autre grand perdant dans le domaine des caresses est le bisou entre adultes, singulièrement celui sur la bouche, ainsi que la caresse linguale qui peut aller avec. Ce baiser est considéré comme impérativement lié à l'acceptation de l'acte sexuel. Il est ainsi ritualisé. Or, il est fort agréable. Et n'est en fait aucunement liée à l'acte sexuel par un lien mécanique.

Le fait est d'évidence. Si en France s'embrasser sur la bouche entre adultes est considéré ainsi comme « sexuel », dans d'autres pays, comme la Russie, on ne pense pas pareil. Et il existe aussi, aujourd'hui en France, quantité de gens qui embrassent leurs petits enfants sur la bouche sans accorder à ce geste une quelconque connotation sexuelle.

L'aberration de sexualiser le baiser sur la bouche fait que dès que deux amants officiellement se séparent, c'est-à-dire ne baisent plus ensemble, l'arrêt des bisous sur la bouche intervient comme une sorte d'impératif automatique.

Quand bien-même l'un des deux ou les deux auraient la nostalgie de ces bisous. Ils croient juste et inévitable de se plier à l'orientation idéologique des zones érogènes : pas de baise, pas de bisous sur la bouche. Les règles culturelles établies prétendant « régler » notre sexualité sont frustrantes et stupides. Elles prétendent obliger à faire des choses qu'on n'a pas envie de faire et qu'on peut éviter. Et interdire des choses qu'on a envie de faire et qu'il est possible de faire.Mais ces règles sont rarement remises en question, car relevant soi-disant de la « Nature ». Un mot en six lettres qui prétend ici remplacer la réflexion, l'intelligence, la sensibilité, le plaisir, la tendresse, la douceur, la compréhension, le toucher, le respect de soi et de l'autre.

L'hypocrisie, les règles et codes établis et les non dits interdisant généralement de proposer quelques modifications que ce soit aux dites règles. Vous vous voyez prétendre embrasser sur la bouche avec la langue. Ou caresser les seins d'une jeune fille ou une femme que vous appréciez, et qui vous apprécie, en avançant que ça n'est pas une proposition d'acte sexuel ? Vous risquez très largement de passer pour un fou, un imbécile, un rêveur irréaliste, un obsédé sexuel ou un dragueur hypocrite.

La bêtise et le manque de respect de soi et de l'autre polluant les relations humaines sont des phénomènes très anciens. Qui n'ont pas toujours existé. Dans les temps premiers de l'Humanité, l'homme vivait en conformité avec sa nature et sa réalité. Cette réalité vit toujours en nous. Il appartient à chacun de nous de la chercher et la trouver. On peut, on doit résister. Quand c'est possible, il faut remettre en question ce qui s'oppose au respect de soi et de son prochain. De cette remise en question dépend notre accomplissement, source de notre joie et notre liberté.

 Basile, philosophe naïf, Paris le 31 mai 2014

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