mercredi 20 avril 2016

537 En finir avec la « guerre invisible » est-ce possible ?

Symbole d'un foyer paisible : un chat qui dort. Image d'une maison paisible : devant celle-ci, un chien endormi paisiblement dans sa niche. Image de paix : des chats qui dorment, des petits enfants endormis, des bébés endormis, une mère avec son enfant endormis...

Mais, adulte est-il possible de dormir avec quelqu'un ? NON ! Pourquoi ? Voyez le langage :

Dormir avec quelqu'un, aller au lit avec, passer la nuit avec, coucher avec, signifient restrictivement : baiser. Il est de facto interdit d'envisager la chose la plus simple, paisible et naturelle qui soit : dormir avec quelqu'un quand on est tous les deux adultes, sans qu'on nous ramène obligatoirement le cul. Quand j'en ai parlé un jour avec un dragueur frénétique, il m'a répondu : « bien sûr, si une fille vient de loin, je peux l'inviter juste à dormir avec moi. Mais ça va pour la première nuit, après elle doit bien passer à la casserole. » Le même me disait : « vouloir faire l'amour ? Mais, elles ne veulent jamais ! » Ce qui signifie qu'il s'est toujours imposé à chacune de ses « conquêtes ».

Les humains ont fait de leur zizi un épouvantail hégémonique. Il n'est pas possible d'envisager la tendresse, le sommeil partagé, sans qu'on vous assomme avec des histoires de foutre. Mais, dans quel monde vivons-nous ?

Nous sommes dans un monde ou règne une guerre permanente entre les humains. Et où règne la peur. La caresse est synonyme de cul. Et si on n'est pas prêt pour le cul, et quel cul ! On doit s'attendre au viol, que ce soit entre personnes de sexe opposé ou de même sexe. C'est « la guerre invisible », car, officiellement elle n'existe pas. Il s'agit juste de problèmes individuels, d'histoires personnelles, intimes, confidentielles. Soyez salauds, soyez victimes de salauds, mais, surtout, fermez vos gueules ! Ce domaine n'est pas public. Alors, ne vous plaignez pas.

J'ai, dernièrement, raconté tout ce que je pensais de mal de cette situation invivable que nous connaissons pourtant tous. Où effleurer le bras de quelqu'un d'inconnu nécessite de s'excuser aussitôt. Où il est plus facile de caresser un chat ou un chien inconnu qu'un humain inconnu. Où une jolie fille se fait emmerder par des cons à longueur de journée quand elle se déplace seule dans des lieux publics. J'ai parlé ainsi à une jeune femme sympathique croisée dans une crêperie parisienne. Elle m'a approuvé. Au moment de nous quitter, surprise ! Elle ne me fait pas la bise, mais me tombe dans les bras. Nous devions nous revoir la semaine suivante. J'ai rêvé avoir rencontré une femme qui me comprend. Las ! La fois suivante n'est pas venue. Ma nouvelle connaissance a courageusement pris la fuite. N'est pas venue au rendez-vous. J'ignore son adresse. Elle court toujours et je la comprend. Comment, dans ce champ de ruines relationnelles que représente notre société, une jeune femme devrait faire confiance à un inconnu qui lui tient de beaux discours ? Qu'est-ce qui prouve que je ne serais pas un salaud ordinaire qui a peaufiné son discours ?

Alors, la question que je pose est : « la paix est-elle possible ? » Existe-t-il un moyen de sortir de ce piège infernal où il n'est pas de gestes tendres possibles autrement que potentiellement agressifs ?

Car prétendre vouloir « faire l'amour » avec une personne qui n'y est pas disposée, et ramener artificiellement cette chose quand elle n'a pas lieu d'être, quand elle n'est pas authentique, c'est faire acte de violence. Et, dans notre monde soi-disant civilisé, le cul colle à la caresse.

On déguise cette situation conflictuelle avec de belles phrases sur la Nature, l'Amour, le Plaisir... Mais, rien n'y fait. Manger quand on n'a pas faim, à moins d'être malade ou détraqué, fait vomir. C'est vrai pour la bouffe comme pour le cul.

Basile, philosophe naïf, Paris le 20 avril 2016

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