Leurs idées sont intéressantes. Mais, la base de leurs raisonnements est viciée par une faiblesse.
L'histoire humaine compte
des millions d'années. Nous en connaissons des descriptions et
précisions nourries ne concernant guère au plus que les 10 000
dernières années.
C'est uniquement en se
basant sur celles-ci que Marx établit ses théories sur l'histoire
humaine et son devenir. 10 000 ans sur des millions d'années, autant
dire la dernière dizaine de secondes d'une journée entière. Et
tout cela pour définir l'homme. Mais que connaît Marx et nous de
l'humour, l'organisation sociale, la sexualité, les distractions,
les rêves des hommes d'il y a cent mille, cinq cent milles ans ?
Marx voit l'homme lutter pour la vie... mais, initialement, le grand
singe humain vivait parfaitement bien sans avoir besoin d'aucune
industrie. Après, cela a changé. Notre mode de vie a changé.
Prétendre expliquer tout et ce qui arrive aujourd'hui en analysant
des éléments appartenant juste aux tout derniers milliers d'années
me paraît susceptible d'amener des erreurs.
Je crois pour ma part que
l'animal en l'homme, ses craintes, ses désirs, explique beaucoup de
choses. Et qu'avant de « lutter pour la vie », l'homme a
d'abord créé ses industries dont il n'avait pas vraiment besoin,
pour se distraire et s'amuser. La lutte des classes relèvent plus de
problèmes psychologiques que de conflits d'intérêts réels.
Si aujourd'hui les très
riches cherchent à ruiner les plus pauvres pour devenir plus riches
encore, avec de l'argent qui, pour l'essentiel, ne leur servira à
rien, c'est moins par intérêt que pour une autre raison : ils sont
malades de la peur de leur mort et cela leur fait faire des bêtises.
Rire, s'amuser et
échanger des caresses et bisous est aussi vital que bien d'autres
choses. La société humaine future, si elle arrive, sera plus une
société de caresses, fêtes et bisous que de fusées envoyées dans
l'espace.
Freud souffre de la même
faiblesse que Marx. Il énonce des conclusions définitives sur
l'homme en partant de l'analyse de la vie familiale de son temps. Que
sait-il de la vie affective et familiale des hommes d'il y a par
exemple 786 000 ans ? Il n'en sait rien et nous n'en savons rien.
Par contre, à mon avis,
l'animal vit toujours en l'homme. C'est en l'étudiant autant qu'il
est possible que nous trouverons la réponse à quantité de troubles
dont il peut souffrir.
Freud a raisonné sur les
rapports entre parents et enfants tels qu'il les connaissait à son
époque. Et il a tiré des conclusions sur l'homme en général,
qu'en fait il connait très peu et très mal, comme nous. Il est
extrêmement difficile de s'étudier soi-même. C'est presque une
gageure. Pour trouver quelque chose, il faut des dizaines d'années
et l'on ne saura jamais tout, car nous sommes juges et parties. On
peut, on doit néanmoins essayer de se comprendre. Comme Marx et
Freud ont cherché à le faire avant nous.
Marx et Freud étaient
certainement des intellectuels d'exception. Mais les respecter
consiste aussi à reconnaître leurs faiblesses. Avant d'être un
animal pensant, l'homme est d'abord un animal sensible. Les questions
matérielles et les règles établies qui en découlent ne peuvent
pas tout expliquer.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 7 décembre 2012
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