Cela faisait partie de
l'exotisme du voyage, avec d'autres différences. En 1973, je
découvrais en Autriche les billets libellés en shillings, en usage
dans ce pays. Sur ceux-ci figuraient des célébrités autrichiennes.
Les autocars de liaisons de la région du Salzkammergut, où je
campais, étaient de robustes Saurer, dépendant de la poste.
Dans la portière avant droite se trouvait une boîte aux lettres.
Les facteurs parisiens à l'époque avaient presque tous abandonné
l'uniforme, exceptés les anciens. Quel contraste avec leurs
collègues autrichiens vêtus d'uniformes rutilants et impeccables !
Autant d'éléments qui, avec la cuisine, par exemple, me rappelaient
cette agréable chose : « j'étais en voyage et loin de chez
moi découvrais un pays, une terre différente de mon Paris. »
A la fin des années
1980, je commençais à visiter l'Italie. Dès la frontière franchie
en train, les pancartes portant le nom des gares changeaient
d'apparence : en blanc sur bleu foncé en France, en blanc sur bleu
clair en Italie. Une fois encore, les billets de banque locaux, ici
en lires, me rappelaient que j'étais ailleurs. Pour changer l'argent
il fallait parfois faire la queue, mais finalement c'était bien peu
d'efforts. En 1991, près de la cathédrale de Milan j'ai vu deux
policiers à cheval. On n'en voyait pas alors à Paris. Et des
paninis pour se restaurer à bon marché, le mot n'était alors même
pas connu en France. Les paninis sont devenus depuis des produits
ordinaires chez nous.
Je me souviens avoir
trouvé très dommage qu'à Milan les parcmètres soient exactement
identiques à ceux de Paris.
Pourquoi tuer
l'originalité ? A présent, en Italie comme en France, les billets
de banque sont moches, sans caractères, aussi laids, grisâtres et
insipides que la politique européenne. Les vilains euros ont court
en Italie et c'est bien dommage. Les noms des villes dans les gares
italiennes sont en blanc sur bleu foncé. Une entreprise de
gaspillage à l'échelle du pays tout entier a fait disparaître les
bons vieux écriteaux en blanc sur bleu clair.
Ce gaspillage n'est
sûrement pas perdu pour tout le monde. Le fabricant et poseur de ces
pancartes inutilement installées à la place des autres doit s'en
frotter les mains.
Mais pourquoi uniformiser
les monnaies et bien d'autres choses encore ? La diversité est
belle, fait la richesse du monde. L'uniformité, c'est la mort.
Quand j'étais petit,
dans les années 1950 et au début des années 1960, les très rares
Japonais croisés dans les rues de Paris portaient fréquemment de
sobres et caractéristiques kimonos noirs. Aujourd'hui, leurs
descendants sont déguisés à l'européenne, l'américaine. C'est
bien triste, tout ça.
On nous bassine depuis
des lustres avec la soi-disant « identité européenne », le
soi-disant « peuple européen », la soi-disant « culture
européenne ». De doctes imbéciles grassement payés cherchent à
nous faire croire que notre bonheur, notre avenir, réside dans
l'union des pays d'Europe. Cette noirâtre imbécillité est encensée
par des politiques de bords divers. Soi-disant que pour s'entendre
entre voisins, il faudrait abattre le mur de séparation entre la
chambre à coucher de l'un et la salle à manger de l'autre. Quelle
imbécillité !
On peut très bien vivre
en bonne intelligence et en paix avec son voisin tout en conservant
son identité et son appartement propre.
De 1871 à 1914, il s'est
passé 43 ans où l'Allemagne et la France ont été en paix alors
que les palinodies européennes ne nous empoisonnaient pas la vie.
Après, il y eu la
guerre, fomentée et organisée par les ancêtres et prédécesseurs
de ceux qui claironnent aujourd'hui l'Europe dans nos oreilles. Ils
ont vraiment de qui tenir, ces très dangereux incapables ! Et leurs
plats douteux ne réussissent pas à nos estomacs !
Cette soi-disant
merveilleuse Europe, il n'y a rien de plus urgent que démonter ce
jeu de construction dangereux, qui ne profite qu'à quelques-uns et
détruit la vie de tous les autres.
Tout le monde voit que ça
ne marche pas. Et qu'à l'image de la parabole des aveugles où l'un
après l'autre, chacun entraîne la file dans le ravin, chaque pays
un par un part à la débandade et fait naufrage socialement et
économiquement. La Grèce, le Portugal, l'Irlande, l'Italie,
l'Espagne... demain nous et aussi l'Allemagne.
Au Portugal, les
manifestants anti-européens qui défendent leur pays contre la
misère organisée ont un slogan choc : « Que la troïka aille
se faire foutre ! » Dans des journaux français, le slogan a
été édulcoré : « Que la troïka aille se faire voir »
ont-ils écrits. Pitoyable presse torchon.
Mais, pourquoi les hommes
et les femmes ne manquant de rien pour vivre et apparemment sensibles
et intelligents qui dirigent un tas de pays persistent-t-ils dans
l'erreur européenne ?
Dernière nouvelle lue
sur Internet : le ministre de l'économie français veut que soit mis
en place un « ministre de l'économie européenne ». Elle
se casse la figure... vite, un nouveau ministre !
Là, nous avons
l'explication de cet absurde entêtement à « construire
l'Europe ». C'est-à-dire détruire l'Europe et les Européens
au nom de l'Europe.
Les politiques sont
obnubilés par la recherche du pouvoir. Pourquoi ? Parce qu'en se
sentant plus qu'eux-mêmes, plus grands, plus forts que leur carcasse
de chair et d'os, ils ont l'impression de devenir un chouïa
immortel. Alors, ils chient moins dans leur froc en pensant au jour
inévitable ou surviendra leur mort.
Et après être devenu
ministre d'un seul pays, quoi de plus bandant que devenir ministre de
toute l'Europe ! Et plutôt que président d'un pays,
président de l'Europe ! L'Europe est pour nos politiciens
leur nouvelle drogue dure pour oublier qu'ils vont forcément mourir
et pourrir un jour.
Il est temps, plus que
temps, de leur retirer ce joujou dangereux : la « construction
(destruction) européenne ». Trois reichs ont vécus.
Ils ont coûté cher en vies. Et n'ont été d'aucune utilité.
Les hommes et femmes qui
en veulent un quatrième ont besoin de retraite, repos,
tranquillisants.
Et nous, nous avons
absolument besoin que ces hallucinés nous foutent la paix. Et
laissent vivre les peuples d'Europe et d'ailleurs qu'ils importunent
avec leur addiction au pouvoir « européen ».
Pour la paix et la
prospérité des pays englués dedans, dissolvons l'union européenne.
Vive la vie !
Basile, philosophe
naïf, Paris le 30 novembre 2012
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