Quand l'avortement était
interdit en France, on évaluait à 200 000 par an le nombre des
avortements illégaux. Ils étaient souvent bricolés par les femmes
concernées, avec des conséquences qui pouvaient être dramatiques,
parfois même la mort. Quand les avortements se passaient mal, les
femmes arrivaient à l'hôpital, souvent la nuit. Elles se faisaient
alors copieusement insulter par les internes et médecins (pas tous,
mais un bon nombre). Pour les punir, on les curait à vif, sans
anesthésie. Elles étaient donc humiliées et torturées.
Il existait aussi des
femmes baptisées « faiseuses d'anges » dont on se
repassait les adresses. Elles étaient sensées vous assurer un
avortement sans incident.
Enfin, il y avait les
médecins dits « marrons » qui pratiquaient des
avortements sans aucune complications ni douleurs. Certains médecins
disposant carrément d'une clinique pour agir. De tous temps, il
était connu que les riches n'avaient aucun souci à se faire pour
accéder à de tels services.
Ceux-ci avaient la
particularité d'être facturés très cher.
Pour donner une idée des
tarifs. Un avortement, sans hospitalisation avec, coutait
l'équivalent de plusieurs mois de salaire minimum. En 1972, j'ai
parlé avec un certain Gilbert, qui m'a dit avoir payé 4 000 francs
pour l'avortement de sa copine effectué par un médecin dans de très
bonnes conditions. A l'époque, le salaire minimum en France était
de 6 francs de l'heure.
En 1978, on m'a dit que
pour un avortement en clinique, alors que c'était déjà légal, un
docteur exigeait 1 000 francs en liquide, de la main à la main. Ce
n'était sans doute pas un cas isolé.
Quand il a commencé à
être question de légaliser l'avortement, chose faite en 1974 par la
loi Veil, des voix se sont élevées avec passion contre cette
légalisation. Notamment émanant du corps médical.
A ma connaissance une
remarque n'a jamais été faite à ce propos.
Si 200 000 avortements
illégaux étaient réalisés chaque année en France, plusieurs
dizaines de milliers d'entre eux l'étaient au prix fort. Des
médecins pratiquant seulement quelques dizaines d'avortements par
mois parvenaient ainsi à augmenter très considérablement leurs
revenus de sommes non déclarées aux impôts.
Alors, ces médecins,
n'auraient-ils pas bataillés eux aussi, contre la légalisation de
l'avortement et cela uniquement pour protéger leurs bénéfices ?
Et quand celles qui
bricolaient leur avortement et arrivaient à l'hôpital se faisaient
insulter et curer à vif sans anesthésie, était-ce par hostilité à
l'avortement ? Ou plus simplement pour défendre l'industrie
lucrative de l'avortement rassurant et médicalisé ?
La légalisation de
l'avortement en France a fait gravement chuter les revenus de
médecins qui les pratiquaient à des fins parfaitement lucratives et
gagnaient énormément d'argent avec.
Ils ont dut être parmi
les opposants les plus acharnés à la loi Veil. Ils ont perdu. Mais
n'ont jamais révélé les dessous lucratifs de leur passion pour la
cause de l'interdiction de la légalisation de l'avortement. Je me
fais un plaisir de leur faire ici la publicité qu'ils méritent.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 3 janvier 2013
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