Un mythe extrêmement
dangereux, et souvent très séduisant au moins pour certains, s'est
propagé de la France au monde entier : la « révolution ».
C'est la croyance dans le remède de cheval sociétal, le salutaire
coup de pied dans la fourmilière humaine, qui met un terme à toutes
les injustices, punit les méchants, récompense les gentils et remet
les pendules à l'heure. Cette effroyable absurdité a causé des
souffrances innombrables. Au nom de ce mot magique en dix lettres on
parviendrait à arranger tout ce qu'en des dizaines d'années, des
siècles, voire des millénaires on ne serait pas arrivé à
arranger. Le mythe de la révolution repose sur l'idéalisation
forcenée d'une des plus noires périodes de l'histoire humaine : les
atrocités, destructions, massacres, meurtres et pillages qui ont
accompagné en France la fin du règne de Louis XVI. On a fait de ces
moments baptisés « la Révolution française » une icône
du bonheur où le chœur des anges révolutionnaires accompagne le
doux murmure de la guillotine. Soi-disant, toute cette casse, ces
vandalismes, ces crimes étaient justifiés, indispensables et, grâce
à eux, il fait aujourd'hui bon vivre en France. Divers pays où on
ne vit pas plus mal que chez nous se sont très bien passés du luxe
d'un tel délire « révolutionnaire ». Mais il faut à
tous prix justifier l'injustifiable, pour éviter tout bilan critique
et aussi rester dans l'illusion que chez nous on est les meilleurs,
et on fait toujours mieux qu'ailleurs.
La « Révolution
française » s'accompagne d'un ensemble de contes et légendes,
au nombre desquels se trouve la prise de la Bastille. La prise de
cette vieille forteresse en 1789 aurait été le symbole de la fin de
l'absolutisme royal. Mais alors, pourquoi sa démolition était-elle
déjà décidée auparavant par le régime dont elle aurait été le
symbole ? On sent ici à plein nez la réécriture de l'Histoire.
Les preneurs de la
Bastille n'envisageaient au départ ni de s'en emparer, ni de la
démolir, mais d'y chercher des munitions, pour aller où ensuite ?
La persécution de
l'église catholique en France, au moment de la période dite « de
la Révolution française » a donné des fruits empoisonnés
qui perdurent encore et nuisent. En particulier il a stimulé le
matérialisme philosophique avec des conséquences dramatiques. Comme
pour se débarrasser de l'église, piller et détruire les lieux de
culte, persécuter et assassiner les religieux ne suffisait pas, on a
développé la religion du désespoir. Elle offre une absence
de perspective, le néant, en lieu et place de l'au-delà, la
croyance en la non-existence de Dieu et la vie comme une triste
parenthèse qui se referme à la mort. La religion du désespoir,
camouflée avec des oripeaux scientifiques, a amené diverses
recherches dans l'impasse plus ou moins complet.
Ainsi, le matérialisme
philosophique a enfermé une large part de la recherche médicale
dans une conception de l'homme
considéré comme se
résumant à une machine, un échafaudage chimique
sur
lequel on n'intervient efficacement qu'avec des produits chimiques
modificateurs. Un des résultats de cette manière de limiter la
pensée est que la psychiatrie est encore aujourd'hui balbutiante.
Elle emploie la camisole chimique et ne sait pas soigner et guérir
les troubles du comportement qu'elle a rangé aux rangs de
« maladies ». A cette conception de
l'homme applaudissent les fabricants de produits
pharmaceutiques qui en sont largement bénéficiaires.
En astronomie, les
recherches cosmologiques orientées autrement que sur la recherche de
la soi-disant naissance de la « matière » ne sont pas
subventionnées.
La mythologie française
contemporaine comprend un chapitre impressionnant : la misère du
peuple, l'insécurité, l'injustice, l'arbitraire et la barbarie
régnants sous « l'Ancien Régime ». Comme si tout avait
subitement changé. Dès la période de la merveilleuse « Révolution
française » on serait passé de l'ombre à la lumière, du
passé au présent.
Un jeune thuriféraire de
ce progrès soudain me disait, il y a quelques années : « sous
la monarchie, tu pouvais toujours chercher à faire part d'un de tes
projets au roi. C'était impossible de le rencontrer. » Je l'ai
fait taire et bien vexé en lui répliquant : « et tu crois
qu'aujourd'hui tu peux comme ça rencontrer le président de la
République et l'entretenir de tes projets ? »
On dit que sous les rois
de France, jadis, l'insécurité était terrifiante et générale. Ce
qui me turlupine, c'est qu'on sait aussi qu'à l'époque on
pratiquait l'hospitalité. Un grand escogriffe inconnu frappait à
votre porte le soir. Vous lui ouvriez la porte, lui offrez le couvert
et le gîte pour la nuit. C'était une pratique courante. Alors, où
elle était, cette fameuse « insécurité » ? Essayez maintenant de
demander l'hospitalité, dans une maison où on ne vous connaît pas,
en banlieue ou à la campagne. Avant d'avoir pu sonner à la porte,
vous aurez déjà été bouffé par le chien.
Autre aspect de la
mythologie française contemporaine : elle nous dit que notre époque
est tout à fait coupée, différente de l'Ancien Régime. Ancien...
quel beau concept ! Cela sous-entend : périmé.
Tous nos merveilleux
livres d'histoire à l'école nous parlent des « lettres de
cachet ». La volonté d'un puissant suffisait à vous faire
mettre en prison. Aujourd'hui, si vous êtes un inconnu suspecté
d'un délit, le juge peut vous enfermer en détention provisoire
durant plusieurs années, jusqu'au procès qui pourra, y compris,
vous innocenter. Dans ce cas, on pourra vous dédommager en vous
donnant des sous. Comme si cela pouvait compenser le tort et
l'injustice que vous aurez subi.
Ces chers bouquins
d'école qui nous enseignent une pseudo-histoire,
rétroactive, franco-centrée et justificative. Qui nous racontent que la
guerre devait forcément éclater en 1914 entre la France et ses
alliés contre les Empires centraux. Affirmation simpliste,
prétentieuse et stupide : jusqu'à ce qu'un conflit éclate, il
n'est pas mécaniquement destiné à éclater. Et si un conflit a eu
lieu, à n'importe quelle époque, il n'est jamais beau, mais
parfaitement horrible. Nos chers bouquins d'école nous bassinent
avec l'« épopée napoléonienne »... quelle « épopée »
? Elle fit au moins plus de trois millions de morts et nous mis tous
les pays d'Europe à dos ! Faire ainsi l'apologie de guerres
sanglantes et interminables est tout simplement honteux. Il est beau,
le soleil d'Austerlitz ? Et un coup de sabre reçu à Austerlitz,
c'est beau aussi ? Ça va ensemble, c'est indissociable.
Jadis, par exemple au
XVIIème-XVIIIème siècles, les fantassins avançaient en ligne,
sous les tirs adverses, baïonnette au canon. Sur les côtés les
adjudants serre-lignes donnaient des coups de crosse sur les soldats
en braillant : « serrez les rangs ! » pour resserrer les
rangs suite à ceux qui étaient tombés. Dans l'armée de terre, les
tambours, jeunes gens âgés de 13 à 15 ans, et dans la marine de
guerre, et aussi la marine civile, les mousses, des mêmes âges,
servaient à satisfaire les besoins sexuels des militaires quand les
prostituées et les viols n'y suffisait pas. Et savez-vous ce que
c'était que « la poursuite » ? Quand, après une
bataille perdue, les soldats vaincus fuyaient à pied. On les
pourchassait en groupes et à cheval en en tuant le plus possible.
Comme c'est beau, la guerre !
La mythologie française
contemporaine est truffée de légendes secondaires : la fin du
Vengeur, Saint-Just sorte de saint, etc.
Au nombre des produits
marqués par la mythologie française on trouve les œuvres de Marx
et Freud. Tous deux, ils ont parfaitement épousé le matérialisme
philosophique que, pour des raisons politiques de lutte pour le
pouvoir, les profiteurs de la « Révolution française »
ont favorisé.
On a été pour justifier
le matérialisme philosophique jusqu'à propager le mythe de
l'existence de « la pensée positive », « scientifique ».
Une sorte de forme de pensée nouvelle et supérieure à
tout ce qui l'avait précédé. Certains savants s'en sont fait les
nouveaux prêtres et se sont auto-proclamés dépositaires de la
sagesse multiséculaire des humains. Se conférant ainsi une fierté
toute lucrative.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 1er janvier 2013
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