Une des conséquences les
plus dévastatrices de nos cultures anti-tactiles, tactilophobes, est
« la rupture de la nuit ».
A un certain âge, on devient « grand » et on doit dormir seul.
Alors, on abandonne l'enfant dans une chambre obscur, un lit froid et seul. Il arrive qu'il hurle de terreur et désespoir. On vient le câliner et hop ! on l'abandonne à nouveau.
C'est ainsi. Il est sensé « grandir ». Et être abandonné ainsi serait une « étape » indispensable.
A un certain âge, on devient « grand » et on doit dormir seul.
Alors, on abandonne l'enfant dans une chambre obscur, un lit froid et seul. Il arrive qu'il hurle de terreur et désespoir. On vient le câliner et hop ! on l'abandonne à nouveau.
C'est ainsi. Il est sensé « grandir ». Et être abandonné ainsi serait une « étape » indispensable.
Qui quelquefois dissimule
aussi l'égoïsme parental. Si maman et papa veulent se faire des
câlins, la présence du marmot les interdit... Alors, ouste, dehors
! Dans « son intérêt », bien sûr.
Un jour, il y a une
vingtaine d'années, j'entendais deux dames bavarder à la roseraie
de l'Haÿ-les-Roses. Elles s'indignaient à propos d'une connaissance
commune. « Tu te rends compte ! Elle dort avec son fils qui a
treize ans ! » « C'est de l'inceste ! » Et l'autre
approuvait.
Comme les gens sont bêtes
! Dormir dans le même lit, c'est forcément baiser... Le langage va
en ce sens : « dormir avec », « passer la nuit
avec », « aller au lit avec » signifie
invariablement baiser !
Il existe des cultures où
on dort ensemble, jeunes gens et jeunes filles confondus, sans
nécessairement baiser. On dort ensemble, tout simplement.
C'est ce que m'a raconté
un soir une jeune dame qui venait du Niger. Elle disait à moi et
deux de ses amis présents : « chez nous, une jeune fille peut
dormir dans le même lit qu'un jeune homme. Ça ne signifie pas autre chose que
dormir ensemble. » Elle ajoutait qu'un jeune Français,
confronté à une jeune fille nigérienne qui lui avait proposé de
dormir ainsi « ça le rendait fou ».
Moi-même, j'ai dormi
huit nuits de suite avec une jolie fille qui n'était pas amoureuse
de moi. Il ne s'est rien passé de « sexuel » entre nous.
Et on était très bien tous les deux.
Quand j'en ai parlé à
un ami médecin, il a paru très surpris.
Je connais un jeune homme
qui a dormi au moins jusqu'à l'âge de treize ans avec ses parents.
Il est extrêmement doux et gentil. Résultat, il a quitté l'école
où il ne supportait pas ses camarades élevés autrement et qui
étaient durs et méchants avec lui. Fort heureusement il a trouvé
un emploi chez son oncle par alliance qui vend des fruits et légumes
sur les marchés et les cultivent également.
Le fils de Céline Dion a
neuf ans dort avec ses parents.
Un ami particulièrement
gentil a dormi jusqu'à l'âge adulte dans un lit à côté de celui
de ses parents.
Et qu'est-ce qui fascine
et fait rêver tant de gens à l'idée de se retrouver « en
couple » ? Dormir ensemble !
C'est l'expression de la
nostalgie de « la rupture de la nuit » subie durant la
petite enfance ! Est-il normal de priver ainsi de la présence des
grandes personnes qui s'occupent d'eux et les protègent les enfants
huit ou dix heures par nuit ? Répondez à la question. Mais
réfléchissez bien avant.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 23 août 2013
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