Parlant des études
suivies par son père, Marcel Pagnol pose cette question dans « La
Gloire de mon père ». Comment a-t-on pu réussir à idéaliser
aux yeux des futurs instituteurs les destructeurs de la monarchie en
France ? Car à la faveur de la période dite : « de la
Révolution française », ceux-ci « après vingt mille
assassinats suivis de vol, » se sont entreguillotinés
eux-mêmes.
Pagnol touche ici un
point fondamental : le vol. Ou plus exactement le pillage à grande
échelle des biens des nobles, de l'Église et du roi qui fut
organisé durant cette période dite : révolutionnaire.
Dans son « Histoire
socialiste de la Révolution française », Jean Jaurès indique
que toutes les grandes fortunes bourgeoises qui durent encore un
siècle après son assassinat en 1914, sont issues du pillage des biens
nationaux à la faveur des combines financières autorisées par les
assignats.
Proudhon a écrit : « la
propriété, c'est le vol ». Il faut rectifier : « la
propriété a pour origine le vol ».
Ceux qui proclamèrent
que la propriété est « un droit inviolable et sacré »
étaient de très grands voleurs.
Le mécanisme de la
propriété, la grande, la riche, celle qui rapporte, est la suivante
:
A un moment-donné un
pillage à grande échelle est organisé. Les voleurs une fois gavés,
deviennent conservateurs des biens qu'ils ont volé. Et décrètent
leur propriété sacrée. Ainsi ont procédé les voleurs bourgeois
de la fin du dix-huitième siècle en France. Ils ont dérobé les
biens volés par la noblesse. Celle-ci avait accaparé (volé) les
biens de l'Empire romain au moment de sa chute. A l'origine, les
nobles étaient de simples hauts fonctionnaires de l'Empire. Un
marquis, par exemple, était le gardien d'une marche, c'est-à-dire
d'une zone à la frontière de l'Empire.
Les fonctionnaires
romains, eux, géraient les biens volés aux peuples gaulois. Les
Gaulois, de leur côté, possédaient ce qu'ils avaient volé à
d'autres voleurs, et ainsi de suite.
Chaque fois une période
de pillage succède à une période de tranquillité qui succède à
une période de pillage. Et durant les périodes de tranquillité on
déclare que la propriété qui a été volée est à présent
immuable et légitime. Quelle farce !!!
Aujourd'hui, le moindre
caillou perdu dans l'océan, le moindre morceau de désert glacé ou
brulant appartient officiellement à quelqu'un, ou tout au moins à un
état. D'autant plus que cette propriété offre celle du sous-sol.
Et, un caillou perdu dans l'océan ouvre des droits aux vastes fonds
sous-marins des eaux « territoriales » alentours. D'où
les disputes féroces pour des cailloux couverts de guano de par le
monde. En dessous, pétrole et autres richesses font baver d'envie
les puissants.
Et si au lieu de dire :
« la propriété est inviolable et sacrée » (« sacrée »,
terme religieux) on disait : « La propriété est inviolable et
sacrée, exceptée quand celle-ci s'oppose à la santé, la vie des
humains. Auquel cas elle est inexistante, indéfendable, ignoble,
maudite, nulle et non avenue. » Ça ne serait pas plus
chouette, non ? Ainsi, par exemple, même avec des sous on ne
pourrait pas acheter un lieu pour, par exemple, commencer à y
exploiter le gaz de schiste. Et aussi les latifundios affameurs qui
possèdent des milliers d'hectares en friche en Andalousie seraient
virés d'office. Il n'y aurait même pas besoin de les
« exproprier ». Il suffirait d'aller cultiver leurs
terres, en suivant le grand et vieux principe agraire : « la
terre n'est à personne, ses fruits cultivés sont au cultivateur ».
La police laisserait faire. Et ce serait là le triomphe du bon sens
sur la bêtise injuste et l'absurdité.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 31 décembre 2013
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