Prendre le temps de
découvrir, se découvrir à soi, laisser le temps au temps, laisser
venir les événements, sans analyser et programmer d'avance,
projeter, prévoir, imaginer ce qui va arriver, catégoriser,
classer, espérer, craindre, désespérer...
Quand on garde l'esprit
frais, on avance en se demandant ce qu'on ressent, ce qu'on a envie.
Et ce que l'autre, si nous le rencontrons, a envie de faire. En se
respectant et respectant l'autre, on laisse naître des moments
nouveaux, on s'enrichit la vie.
Quand on commence à
classer dès le départ. Et se dire ce qui doit arriver et comment,
on ne perçoit plus la réalité. On ne s'intègre plus dans le
processus vivant des gens et des choses.
On commence par
identifier et ranger les rencontres. Au lieu de chercher simplement à
voir et suivre le chemin qui se découvre petit à petit.
On ne devrait jamais se
dire « je veux rencontrer la femme de ma vie » mais :
« je veux rencontrer la vie ». Qui pourra prendre la
forme d'un homme, une femme, un enfant, un animal, une musique, un
paysage, une spécialité culinaire, un bel objet, un chaton, un
parfum, le vol d'un papillon autour d'une fleur. On s'efforcera
d'apprécier pleinement ces différentes facettes de la vie. Et
sentir ce qu'elles apportent. Et quelle est la plus juste conduite
qu'elle amène à avoir.
Conduite qui peut ne pas
être du tout logique et prévisible. Si c'est, par exemple, un chat
qu'on rencontre, il n'est pas du tout dit qu'on va forcément le
caresser. Il existe des chats qui n'aiment pas les caresses.
Les années passant, il
est fréquent qu'on devient circonspect et exigeant, suite aux
déboires et déceptions rencontrés. Alors qu'en fait chaque jour
est le premier. Et il suffit d'écouter très attentivement. Regarder et suivre exactement le chemin étroit qui se découvre au
fur et à mesure devant nous. Pour éviter de retomber dans les
ornières rencontrées déjà dans le passé.
Quand on rencontre un
être vivant, que ce soit un hamster, un corbeau ou un humain,
évitons de le juger. Considérons-le pour ce qu'il est au moment où
il se présente à nous : il est unique. Et la rencontre qui commence
est unique également.
La prudence est possible.
Mais il n'y a plus de peur à partir du moment où on regarde
exactement où on met les pieds. Et, certains jours, un hamster peut
vous apporter plus qu'un corbeau et un corbeau plus qu'un humain.
Regardez et écoutez le
spectacle du monde. Vous ne serez jamais seul et jamais triste. Ce
qui plonge dans la solitude et la tristesse, c'est le bruit du monde.
Ignorez ce bruit. Écoutez plutôt le chant des oiseaux ou la douceur
du silence.
Vous êtes seul ? C'est
merveilleux ! Vous êtes accompagné ? C'est merveilleux aussi. Tout
est merveilleux, à condition de savoir en gouter la douceur et la
profondeur. Le malheur vient souvent de ce qu'on regrette de ne pas
avoir. Mais nous n'avons rien. Même notre ombre ne nous appartient
pas. La seule chose que nous pouvons apprécier, c'est l'instant
présent. Où peut se glisser le chatoiement d'une libellule
traversant un rayon de soleil au printemps. Une fleur blanche se
balançant doucement dans la brise au milieu d'une prairie
ensoleillée. Une grenouille solitaire posée sur une feuille de
nénuphar, plongeant dans l'eau d'un étang dans la tiédeur du soir.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 7 décembre 2013
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire