Il n'est pas besoin
d'être un grand philosophe ou un penseur politique avisé pour
réaliser que l'Humanité souffre depuis bien des siècles de
troubles généraux, dont les symptômes ont noms guerres, famines
organisées, abus divers commis par des humains sur d'autres humains.
Pour en expliquer
l'origine, il est courant de voir affirmer que ces tares tirent leur
racine dans l'origine même de l'Humanité. L'homme, plus faible que
le tigre ou la panthère, faible et nu (il ne porte pas de fourrure),
aurait jadis entrepris de « lutter pour la vie ».
Des conséquences de ce
combat vital seraient nés avantages et problèmes.
Le défaut de ce propos
est que l'homme n'a jamais eu besoin de ce « progrès »
tant vanté. En tous cas au début. Singe de grande taille, vivant en
groupe, qui pouvait-il craindre ? Un lion préfère goûter une
girafe ou un lièvre plutôt que risquer de se retrouver sujet aux
morsures d'une troupe de grands singes en fureur ! Le lion n'est pas
stupide.
Quant au froid, les
girafes n'ont jamais eu besoin de porter des chandails et des
caches-nez. Elles restent vivre là où il fait bon pour elles : en
Afrique. Pourquoi voulez-vous que les humains des temps premiers
auraient souhaité agir différemment ?
Et, pour ce qui est de
manger, l'être humain restait tout simplement là où il y avait
suffisamment de nourriture sauvage pour le nourrir. L'élevage,
l'agriculture, il n'en avait aucun besoin.
Cette fameuse soi-disant
« lutte pour la vie » inexistante aux temps premiers, est
également niée par l'état actuel de la société humaine. Et ce
par son aspect le plus caricatural : il y a depuis longtemps à
manger pour tous et même plus. Ce n'est pas moi qui le dit, mais un
organisme de l'ONU, le Fond mondial pour l'alimentation, le FAO.
Pourtant on crève de faim un peu partout. Pourquoi ? Parce qu'une
très réduite minorité d'humains amoncelle des richesses qui ne lui
servent à rien. Et en privent la masse des autres. S'agit-il d'une
« lutte pour la vie » de la part de ces riches
accapareurs ? Bien sûr que non. Autre chose motive leur comportement
dévastateur de la vie des masses.
Dans d'autres domaines
éclate cette absurdité. Ainsi, par exemple, Paris bénéficiait
d'une remarquable couverture hospitalière. Depuis un certain nombre
d'années, la destruction de celle-ci est entreprise. Les hôpitaux
Broussais, Boucicaut, Laënnec, Saint-Vincent-de-Paul ont été
fermé. On annonce la suppression de Beaujon et Bichât. Et, à
présent, il est entrepris de tenter de liquider le seul hôpital
restant au centre de Paris : l'Hôtel-Dieu. Il est dit et démontré
que sa fermeture entrainant un encombrement supplémentaire des
services d'urgence déjà surchargés ailleurs entrainera des morts.
Pourtant, les liquidateurs persistent. Au nombre de ceux-ci on trouve
des diplômés d'études médicales. Et pourquoi s'acharner contre
l'hôpital Hôtel-Dieu ? Pour le transformer à terme en palace de
luxe. Encore l'argent convoité par des gens qui n'ont besoin de
rien. Il leur en faut toujours plus à accumuler stérilement en
empêchant de vivre les autres.
Et que dire de la mise en
pièces de la Grèce pour les mêmes raisons, commise par la sinistre
troïka avec l'appui de nos gouvernants ? Encore et toujours la
recherche de la fascination causée par des tas d'or qui ne servent à
rien. Et dont l'accumulation cause la mort évitable d'un tas de
pauvres gens.
Le pouvoir et l'argent
sont les deux grandes maladies de la société.
Tant qu'on n'abolira pas
le pouvoir et l'argent, l'Humanité souffrira
Mais, pourquoi y a-t-il
des gens qui rêvent tant à l'argent et au pouvoir ? A regarder de
près les riches, ils n'apparaissent pas si heureux que ça. Quantité
de riches sont frustrés, méchants, vicieux. Une de leurs
caractéristiques est très souvent une activité sexuelle débridée
et totalement dérangée. Les riches et les puissants peuvent
aisément disposer auprès d'eux, s'ils le souhaitent, de rabatteurs
éliminateurs. Ces derniers se chargent de rabattre vers eux le
gibier sexuel dont ils souhaitent jouir. Et de gérer les vagues
ultérieures à éviter. Par la corruption, la menace ou pire, les
rabatteurs évitent le scandale et les ennuis possible éventuels. Ce
phénomène très ancien se voit déjà par exemple avec
l'impératrice allemande de Russie Catherine II au XVIIIème siècle.
Elle disposait carrément d'un service chargé de prostituer de
jeunes officiers qui allaient coucher avec la souveraine. Et
touchaient ensuite une indemnité. L'équivalent du « petit
cadeau » des putes ordinaires.
Face à ces riches, la
masse des pauvres : tristes, malheureux, obéissants. Sauf par
moments, quand éclatent des émotions : révoltes, etc. Alors les
pauvres cassent tout, puis retournent à leurs occupations
habituelles.
Ce qui est curieux, c'est
la fréquente diabolisation réciproque. Quand les riches condamnent
les pauvres, ou les pauvres condamnent les riches, bien des fois ils
nient la qualité humaine de leurs adversaires. Par exemple,
Alexandre Dumas fils défendant les riches, disaient en parlant des
communards massacrés en mai 1871 : « Nous ne dirons rien de
leurs femelles par respect pour toutes les femmes à qui elles
ressemblent quand elles sont mortes ».
Pourtant, à y regarder
objectivement, riches ou pauvres, rois ou sujets, tous sont
exactement pareils. Ce sont des humains. Quoiqu'ils puissent dire ou
seulement penser les uns des autres.
Je n'aime pas la misère
des pauvres organisée par les riches, ni la fureur dévastatrice des
pauvres en révolte ou des riches en résistance contre eux. On dira
que je suis difficile. Remarquons que cette fureur sera bientôt à
l'ordre du jour, car cela fait quelques temps déjà que nos
gouvernements ne tiennent pas compte du mécontentement populaire.
Un exemple a été donné
par l'affaire du lundi de Pentecôte. Ce jour férié devait
redevenir travaillé soi-disant pour financer l'aide aux vieux
dépendants. Prétexte pour s'attaquer aux jours fériés, cette
mesure a mécontenté notamment les catholiques français. Ce fut une
mesure calamiteuse électoralement qui a fait perdre des voix fidèles
au président Sarkozy et contribué à sa défaite face à son
concurrent Hollande.
Hollande fonce à présent
vers le désordre. Il prend des tonnes de mesures impopulaires en
ignorant le ressentiment des masses. Tant l'ivresse du pouvoir et ses
privilèges lui fait perdre le sens des réalités très
prosaïquement électorales. Les nuages noirs de la crise sociale et
politique s'amoncellent à l'horizon. Ce n'est pas moi qui l'annonce.
Ce sont les préfets qui le disent.
Existe-t-il des solutions
? Le problème est que les dauphins de Hollande, de son clan ou
d'autres, souffrent des mêmes idées fixes que lui : parvenir au
pouvoir et aux avantages qui vont avec.
Vouloir à tous prix
l'argent et le pouvoir qui va avec relève d'un trouble. Sans
prétendre y trouver un remède, il est intéressant d'en étudier
les origines.
A l'origine des désordres
et avantages du « progrès » est le jeu. Les humains ont
commencé par inventer, organiser par jeu. Petit à petit le jeu
s'est imposé et a imposé des règles avec des désordres entrainant
un manque d'amour entre humains. Il a fallu des millions d'années
pour arriver au désordre organisé actuel. Pour fuir cette
souffrance, les humains ont cherché d'insatisfaisantes compensations
dans le pouvoir et l'argent. Et encore dans bien d'autres choses, au
nombre desquelles l'alcoolisme et le consumérisme sexuel de qualité
: baiser le plus possible le plus grand nombre de partenaires
possibles et classés de première qualité.
Je viens de lire les
mémoires d'un très sympathique chanteur connu. Ce chanteur y
apparaît comme alcoolique. Il traite aussi le sexe comme une sorte
de pâtisserie. Un bon film, un bon restau, une bonne baise. Et
rencontre années après années et durant des décennies des
catastrophes sentimentales. Sans pour autant se poser une seule fois
la fort simple question : « si tous mes amours à terme se
cassent la gueule, ma conception consumériste du sexe n'y
serait-elle pas pour quelque chose ? »
La consommation sexuelle,
fut-elle de luxe, n'est pas la réponse au manque d'amour.
On dit que le langage
nous permet d'exprimer désirs, sentiments. Sans réaliser que nous
avons aujourd'hui un langage dépourvu de liberté. Au XVIIIème
siècle, par exemple, on pouvait dire ou écrire : « je vous
aime » à quelqu'un. Cela exprimait le fait de l'aimer.
Aujourd'hui, il est en principe exclu de s'exprimer ainsi sauf pour
indiquer une intention sexuelle. On n'a pas la possibilité, le droit
de dire à quelqu'un simplement qu'on l'aime !! Quelle triste
condition pour l'amour !
J'aimerais pouvoir dire à
un ami « mon chéri » sans que cela signifie des
« avances » homosexuelles, mais tout simplement que mon
interlocuteur m'est vraiment très cher. Et pouvoir dire ou écrire à
une amie « je t'embrasse sur la bouche » simplement en
qualité de caresse verbale. Ne signifiant pas pour autant que nous
nous embrasserons ainsi. Mais le plus souvent ça n'est pas possible.
La liberté d'expression n'existe pas. L'homme s'en est lui-même
privé !
L'amour existe malgré
tout parfois. Et des ennemis terribles le guettent. Je vais passer en
revue les pires ennemis de l'amour : l'amour lui-même ; le sexe ;
les enfants.
Quand l'amour fleurit
entre deux individus, celui-ci est ressenti comme une relation
extrêmement différente, agréable, rassurante, comparée aux autres
relations carencées. Un déséquilibre immense en résulte. Je l'ai
vécu. Tout instant passé avec la femme de mon cœur m'apparaissait
incomparablement plus nourrissant, comblant, que tout le reste.
Résultat, on privilégie à outrance son amour. Des expressions
témoignent de ce phénomène courant : « les amoureux sont
seuls au monde », « tu es tout pour moi », « je
ne pourrais pas vivre sans toi ».
Mais cela revient de
facto à chercher dans un seul amour la totalité de l'amour général
qui manque autour ! Pression calamiteuse et épouvantable qui ne peut
que contribuer à massacrer à terme l'amour entre deux personnes !
Et aussi à idéaliser à l'extrême votre simple humain partenaire.
Ce n'est pas étonnant
avec ça que l'amour mythique idéal dans notre société soit celui,
malade, entre Roméo et Juliette, finissant par un double suicide et
deux cadavres puants !
Non, l'amour, il faut le
voir à sa vraie grandeur. Et quand il est nait entre vous et un
autre être, il ne faut pas exiger de lui ce qui manque tout autour.
Vouloir faire avec deux bûches un brasier immense conduit à tout
bruler très vite et retrouver vite le froid !
L'autre grand ennemi de
l'amour est le sexe s'il est systématiquement lié à celui-ci.
On ne doit « faire
l'amour » que quand un désir réel existe. Et pas simplement
parce qu'il est techniquement possible de le faire. Un sexe en
érection ne suffit pas.
Et, pour de curieuses
raisons, baiser à tire-larigot avec votre partenaire est le plus sûr
moyen de se retrouver seul ! Sûrement parce que cela amène à minorer, négliger, mépriser bisous et câlins.
Le troisième grand
ennemi de l'amour peut être la fabrication des enfants.
On s'aime. On est deux.
On en déduit que les conditions sont réunies pour faire un enfant.
Quelle imbécillité mécaniste ! Avoir un enfant n'est pas le
résultat d'une équation mathématique : 1 + 1 = 3
A vouloir s'empresser de
pondre ainsi, le résultat est que, l'indépendance matérielle des
femmes aidant, nous avons aujourd'hui des multitudes d'enfants avec
des parents séparés.
Non, ce n'est pas
simplement parce que deux humains se rapprochent qu'un enfant est
forcément alors une bonne idée.
Les humains ne sont pas
des lapins.
Je ne suis ni contre
l'amour, ni contre le sexe, ni contre les enfants, mais il faut bien
savoir où on en est et où on va, avant de suivre bêtement les
règles établies de cette société malade.
Société malade que je
ne saurais guérir. Je saurais juste conseiller de se révolutionner
soi à défaut de révolutionner la société. Si pour elle en
général vous voyez ce qu'il faut faire, bonne chance !
Les règles établies par
la société malade pour nous conduire à l'échec en amour sont
soutenues par de magnifiques clichés. L'amour y figure ainsi : un
couple jeune, beau, riche, à la peau blanche ou bronzée, en bonne
santé et en vacances. Si on trouve à y redire, on s'attire aussitôt
la riposte cinglante suivante : « comment ? Mais vous êtes fou
! Vous êtes contre le fait d'être amoureux, jeunes, beaux, riches,
blancs ou bronzés, en bonne santé et en vacances ? »
Bien sûr que non. Mais
la formalisation de cet « amour » conduit à toutes
sortes de catastrophes :
Pour être heureux en
amour, il faut être jeunes. Donc rester jeunes, ne pas être pas
jeunes. Seul hic, rester jeunes est un rêve impossible. Toutes
sortes d'excès et troubles découlent de celui-ci. Un quadragénaire
file un parfait amour avec une trentenaire et n'arrête pas de
s'angoisser. Des riches se font opérer la gueule pour paraître
toujours jeunes et finissent par ressembler à des momies. Des
cinquantenaires draguent des minettes pour « se sentir
jeunes ».
Il faut être beaux. Mais
que signifie « beau » ? Les canons en vigueur amènent à
d'inutiles opérations de chirurgie esthétique, de cruels complexes,
des régimes absurdes et excessifs.
Pour avoir l'amour, il
faudrait être riches. On devient obsédé par la carrière, la
« réussite ». L'argent devient une drogue. On fait de la
boulimie bancaire. Et on oublie de vivre.
Avoir la peau claire ou
bronzée ? Certains noirs usent de produits dangereux pour
s'éclaircir la peau. La folie du bronzage chez les blancs amène
brûlures et cancers de la peau.
La bonne santé participe
du mythe de la pleine forme. L'idolâtrie des vacances amène à
emprunter pour, vivre pour.
On peut continuer à
parler de l'amour et de ses conséquences. La vérité existe à son
propos. Les idées justes sont faciles à trouver. « L'homme
est un singe », « aimez-vous les uns les autres »,
« liberté pour les bisous », etc. En revanche il est
extrêmement difficile de se faire des convictions, qui peuvent
améliorer nos vies. Seul un travail personnel sur soi peut avec long
temps et difficultés parvenir à nous améliorer. Le chemin est
traître, imprévu, difficile, dangereux, mais en vaut la peine. Pour
ce qui est du reste des problèmes sociétaux, nous pouvons mener
d'utiles actions partielles, comme par exemple défendre la survie de
l'hôpital Hôtel-Dieu à Paris.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 19 novembre 2013
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