On rêve toujours. D’ordinaire je
ne me rappelle pas mes rêves. Là, je me suis réveillé après plein de rêves
bizarres dont je me souvenais. Riches et beaux, je les ai noté sommairement
manuscritement, et me mets à l’ordinateur pour les noter de manière plus
détaillé.
Voici ce dont je me souviens, par
ordre de rêves :
Cavanna est mort : on parle
de cette nouvelle. Certains disent : il a retrouvé Choron et puis aussi
Reiser. Je fais remarquer qu’il a enfin retrouvé Maria, le grand amour de sa
jeunesse. Car elle est morte aussi et ainsi il a pu la retrouver.
Confusion, personnages imprécis
et :
Je suis allongé sur un lit, une
espèce de lit. Un jeune homme musulman remarque que je suis sous une
couverture, des draps, mais un mollet nu découvert. Il le recouvre en disant à
voix basse que c’est par respect pour les anciens qu’il recouvre ma nudité, en
conformité avec sa religion.
Je le remercie. Puis éprouve le
besoin d’ajouter que ça n’est pas par volonté de me conformer avec sa religion
que je le remercie, mais que je le remercie seulement pour les bonnes
intentions envers moi dont témoigne son geste.
Puis je lui explique ma manière
de considérer la nudité, manière très importante pour moi.
Etre entièrement nu n’est
absolument pas sexuel. Ni avoir une érection. Emettre des liquides considérés
comme témoignant d’une chose qu’on qualifie d’excitation sexuelle, désir de
copuler. Non, on peut avoir de telles réactions, sans avoir envie de faire
l’amour.
C’est très important, dis-je.
Changement de décors : nous
sommes en vacances. Nous qui ? Imprécis, moi et d’autres, copine ?
amis ? famille ?
On se promène dans la montagne,
c’est très fatigant.
Mais on est aussi à la mer !
Au bord de la mer dans le sud de la France. Il fait un temps magnifique et très
ensoleillé. Je me dis, on se dit : « on a encore quelques jours de
vacances à passer. Plutôt que retourner nous épuiser dans la montagne, on va
les passer ici, au bord de la mer. »
Je parle avec un grand et beau
gaillard très sportif. Une autre personne est plus ou moins là et appartient à
ma famille, c’est peut-être mon père comme il était dans le début des années 1940,
50 ou 60.
Le grand gaillard explique qu’il
y a beaucoup de parachutistes en vacances ici. D’ailleurs, c’est vrai : il
y a beaucoup d’hommes jeunes, musclés, sportifs, cheveux courts.
Le grand gaillard explique qu’il
y a peu il a joué longuement au tennis avec un autre sur un court de tennis au
bord de la mer. Il l’a bien regretté. C’est à cause du soleil.
Le court de tennis est en effet
en plein soleil, pas loin de la mer. Aucun arbre ne l’ombrage.
Je fais remarquer à quelqu’un,
plus ou moins ma sœur, beaucoup plus jeune qu’aujourd’hui, que ça n’est pas
normal que ce court de tennis ne dispose d’aucun ombrage d’arbres.
J’invente une tenue pour jouer au
tennis à l’abri du soleil. Un habit blanc qui couvre tout le corps. Pantalon et
veste blanches, gants blancs avec des trous à l’intérieur pour permettre le
contact direct avec le manche de la raquette, chapeau avec large bavette pour
protéger la nuque et visière transparente jaune.
Problème : la visière gêne
pour voir arriver les balles adverses.
Je vais faire les courses. C’est
jour de marché. J’achète des fruits et légumes pas très chers, même pas chers
du tout.
A un marchand, un autre, des
fruits, et j’entends chez ce dernier le père parler en italien à son grand
fils. Enchanté, ravi, je parle en italien. « Je peux vous parler en
italien ? » « Bien sûr ! » me répond le père.
« D’où êtes-vous en Italie ? » Je pose cette question au fils,
qui, gêné, ne me répond pas.
Je continue en italien :
« parce que je suis amoureux de l’Italie ! (perché sono innamorato
dell’Italia !) »
Parler en italien est très
agréable.
Je demande au fils de m’ajouter
des carottes. Elles ne sont pas chères. Elles coûtent 1 euro le kilo.
Il me sert les carottes et
disparaît.
J’avise une publication posée
derrière l’étalage. C’est une sorte d’évangile, d’ouvrage religieux illustré et
adressé aux Roms. Je comprends alors que le vendeur n’a pas osé me répondre
d’où il était en Italie, pour ne pas m’avouer qu’il était Rom ;
Je n’ai pas payé. Je fais tomber
ma pièce d’un euro sous l’étalage. Et cherche avec difficultés à la récupérer.
Remarque qu’une des carottes qui m’a été servie est pourrie. Le dit au père qui
me donne des carottes terreuses et pas terribles. Je veux le payer.
Flou. Comparaison culture Rom et
sédentaires : mais c’est génial de pouvoir ainsi voyager ! Au lieu
d’être rivé à Paris, par exemple, moi, Parisien, je pourrais décider de partir
demain habiter durant plusieurs semaines à Strasbourg ! Ou encore
ailleurs.
Léger flou. Un projet : on
organise des vacances chez les Roms pour des sédentaires !
Ainsi on règle les deux problèmes
des Roms : les Roms gagnent de l’argent pour vivre avec un métier honnête
et leur culture est valorisée.
Mais ainsi on règle aussi le
conflit immémorial entre Roms et sédentaires ! Les sédentaires comprennent
et voient enfin les Roms comme des gens bien et leur culture aussi !
Quelle émotion d’avoir trouvé
cette idée ! Je suis dans mon lit et sanglote d’émotion !
Changement de décors : je
vais traverser l’avenue du Maine, à Paris, et vois de loin deux jeunes filles
pas très habillées qui parlent avec leur père. Elles sont en fait sur des
vélos. L’une a environ quatorze ans, l’autre dix-sept ou dix-huit ou dix-neuf.
La plus jeune a une sorte de long tablier blanc.
Elles s’éloignent sur leurs vélos
par la rue des Plantes. Mais, si elles paraissent habillées de face, de dos, on
aperçoit leur cul nu !
Un jeune homme asiatique à
lunettes âgé d’environ une vingtaine d’années remarque cela et rigole !
Je me réveille. Et, à mes yeux,
constate que j’ai un peu pleuré. Comme dans le rêve, mais où je pleurais
beaucoup.
Je prends des notes manuscrites,
puis me mets à l’ordinateur. Il est 8 h 40 ce 1er février 2014.
Basile, philosophe naïf, Paris le 1er février
2014
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