Je serais tenté
d'appeler les phéromones « phéromones-endorphines »,
car elles amènent du plaisir qui est produit par les endorphines.
De retour des vacances où
j'ai été entouré en permanence, je me retrouve une journée
entière seul. Voilà que sans raisons particulières visibles
m'arrivent des pensées tristes et noires. L'absence de phéromones
amenés par le contact avec des gens en est la cause. Je sors faire
des courses. À la sortie
du magasin deux queues se sont constituées à deux caisses
différentes. L'une comprend au moins trois ou quatre chariots bien
remplis. Je suis tenté de la faire. Puis lui préfère l'autre
caisse où la queue est beaucoup plus petite. En y repensant je me
dis qu'à la caisse où la queue était la plus longue, je serais
resté nettement plus longtemps à la portée des phéromones de
personnes faisant la queue. D'où la raison de ma tentation. De
retour chez moi je ressens de la tristesse que je pense causée par
le manque de phéromones. Je ressors pour en récolter. Direction un
bar où je prends un café. Il y a un serveur et deux clients au bar.
Pour arriver à ce bar j'ai croisé deux personnes.
Au retour je tombe sur
deux sympathiques jeunes gens qui se sont arrêtés devant une cour
où se trouvent deux lapins vivants, l'un des lapins dans un petit enclos
aménagé, l'autre dans une cage. J'entame la conversation avec ces
deux jeunes. Nous bavardons quelques temps puis nous séparons. De
retour chez moi je constate que le moral paraît revenu. À
travers ces rencontres, j'ai eu ma ration de phéromones !
Véra, une Américaine,
amie de ma mère, lui disait paraît-il : « quand ça ne
va pas, que je n'ai pas le moral, je sors ! » Je repense à
ce propos. Véra allait faire sa récolte de phéromones.
Le bistro, lieu
traditionnel de rencontres en France est aussi un lieu de récoltes
de phéromones. On bavarde. On boit. Mais l'essentiel est ailleurs.
De même quand nous dormons à deux, nous nous gorgeons de
phéromones. D'autant plus si nous dormons nus. Quand j'ai fait en
1986 le stage de massages qui m'a interpellé à propos du toucher,
je n'ai pas relevé un phénomène. C'est qu'à passer un week-end en
groupe nu à pratiquer des massages, nous avons respiré des
phéromones à gogo.
Certaines expressions
sont parlantes : « je ne peux pas le sentir »,
« j'en ai plein le nez de celui-là »...
Certaines personnes
disent apprécier « l'odeur » d'autres personnes. Elles
ne relèvent pas que ces odeurs sont aussi mêlées à des
phéromones.
Ceux qui veulent à tous
prix « rencontrer quelqu'un », « former un
couple », sont parfois simplement en manque de phéromones. Et
croient que ce besoin qu'ils ressentent confusément corresponds
forcément uniquement à «l'amour ». Quand un « couple »
qui ne s'entendait plus depuis longtemps se sépare, souvent ceux qui
se séparent, loin d'être soulagés, dépriment. Pourquoi ?
Parce que, par delà leurs désaccords, ils se nourrissaient
réciproquement de leurs phéromones et en sont à présent privés.
L'agoraphobie ne serait
pas autre chose qu'une hypersensibilité aux phéromones causant une
véritable « indigestion » de celles-ci.
Certaines impressions,
certains sentiments, suscités par la vue ou la proximité de
quelqu'un seraient produites plus par les phéromones que par toutes
autres raisons. Les phéromones représentent un vaste continent qui
demande à être exploré.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 16 août 2017
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