Il existe une confusion
courante dans le domaine des mœurs. On la rencontre dans la société
française et parisienne et très certainement ailleurs également.
Mais c'est là où j'ai pu l'observer.
Elle consiste à
confondre quatre choses : le toucher, la sensualité, le sexe et
« l'amour ». Ce dernier mot pris dans le sens courant de
« vie à deux ».
Le toucher est un
langage. S'il s'exprime par la caresse, le toucher sensuel, il s'agit
d'une denrée de consommation. Le sexe, c'est-à-dire l'acte sexuel,
relève du registre particulier du désir sexuel. Quant à l'accord entre
deux individus, qui peut inclure ou pas le toucher, la sensualité, le sexe, il concerne un petit nombre de personnes.
Dans notre culture on lie
impérativement les quatre. S'il y a toucher, il doit déboucher sur
la sensualité et le sexe. Et dans le meilleur des cas être compris
dans « l'amour »...
D'où recherches
obsessionnelles et précipitées du cocktail idéal :
toucher-sensualité-sexe-amour...
Si on émet des doutes,
on se voit rappeler à l'ordre : « comment ? Vous
êtes contre l'amour ? » Et certains de renchérir :
« moi, je ne fais pas n'importe quoi, je recherche l'amour ! »
Bref, une seule alternative : l'amour avec un grand A ou
n'importe quoi... Devant un tel ultimatum, il n'y a plus rien à
dire.
Pourtant il existe des
failles dans le système. Depuis bien des années existent les
« massages de confort ». Ils se pratiquent couramment
dans les services de gériatrie des hôpitaux, et chez les
kinésithérapeutes, moyennant finances, bien sûr. Il est question
de « confort », le mot « plaisir » est banni.
Il sent le soufre...
La confusion
toucher-sensualité-sexe-amour est à l'origine de la prohibition du
toucher qui règne la plupart du temps. Si vous effleurez ou touchez
par hasard un inconnu ou une inconnue, par exemple dans le métro
parisien, il faut s'empresser de s'excuser. Sinon ça paraîtra
louche.
Si vous avisez une belle
nuque ou un beau bras d'un inconnu ou d'une inconnue dans un lieu
public quelconque, gare à vous de chercher à y toucher de façon
délibérée. Ça pourrait même finir devant les tribunaux.
Pour justifier cet état
de choses, on vous dira : « mais l'autre n'a pas forcément
envie d'être touché. » Soit, alors peut-on lui demander
l'autorisation ? Bien sûr que non, ce serait se faire très mal
remarquer. Si par contre l'inconnu tient en laisse un superbe chien,
rien n'est plus positivement bienvenu que la question : « je
peux le caresser ? » ou « il est très beau votre
chien, je peux le caresser ? » Mais par contre il est hors
de question de demander à un inconnu ou une inconnue, et même un
connu ou une connue : « je peux vous caresser ? »
ou « votre bras est très beau, je peux le caresser ? »
Moralité : notre
culture nous rend plus proche des chiens que des humains. Les petits
enfants qui, quand ils vous apprécient, se jettent dans vos bras,
sont aussi plus proches de ceux qu'ils aiment que la plupart des
adultes. Adultes qui sont des ex petits enfants qu'on a éduqué,
civilisé, dressé... pour être plus aptes à la violence qu'à la
tendresse... Elle est belle, notre civilisation ! Peut-être un
jour saura-t-elle se corriger en s'améliorant ? Sans doute,
mais pour cela il faut commencer par énoncer les problèmes qui se
posent. Ce texte prétend modestement y contribuer.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 20 octobre 2017
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