Il
y a en Espagne un monsieur qui a deux testicules, un pénis et une
prostate et qui s'appelle Alberto Ruiz-Gallardón. Il a attaché son
nom à une loi nouvelle qui interdira l'avortement en Espagne.
Alberto Ruiz-Gallardón ne possède pas d'utérus. Mais il veut prendre le contrôle de tous les utérus d'Espagne. Ceux-ci n'appartiendront plus aux femmes qui les portent, mais à l'état espagnol. Si un embryon commence à se développer dans un utérus d'Espagne, il le fera pour l'Espagne et l’Église. La femme directement concernée n'aura pas son mot à dire. Sauf si elle est d'accord, bien sûr. Dans ces conditions elle sera libre d'approuver ce qui la concerne directement. Et a été décidé à sa place.
Alberto Ruiz-Gallardón n'a pas d'utérus. Il ne connaîtra jamais dans sa chair la détresse de la femme enceinte qui ne souhaite pas devenir mère. Alberto Ruiz-Gallardón s'en fout. Il possède déjà, avec cette loi, tous les utérus d'Espagne. Mais pourquoi une telle loi ?
Officiellement
elle est sensée faire disparaître d'Espagne l'avortement, considéré
comme un fléau par les vieillards célibataires du Vatican.
En
fait, on sait parfaitement que prohiber l'avortement, c'est comme
prohiber l'alcool. Ça ne le fait pas disparaître. Mais entraine le
développement d'un marché illégal clandestin. Alors, pour quels
motifs adopter une telle loi par définition nocive et inefficace ?
J'en vois six :
La
première raison est électorale. Avec cette loi on caresse dans le
sens du poil une partie de l'électorat.
La
seconde raison est financière. Quand l'avortement est interdit,
celles qui ont de l'argent peuvent avorter illégalement dans de
bonnes conditions médicales en payant très cher. En 1973, un tel avortement à Paris dans le quartier du Marais était facturé 4000
francs. Le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti,
l'ancêtre du SMIC actuel) s'élevait alors à 6 francs de l'heure.
Si
on interdit l'avortement, certains médecins pourront doubler
facilement leurs revenus en se faisant payer au black, donc sans
déclarer aux impôts.
Au
nombre de ceux qui glapissent le plus fort contre la liberté
d'avorter légalement se trouve des médecins intéressés
financièrement qui applaudissent et appuient la loi Gallardón.
Troisième
raison, elle est politique. Gouverner, c'est diviser. Faire que les
femmes vivent dans la crainte de grossesses indésirées et
d'avortements dangereux, illégaux et bricolés, c'est faire d'elles
des citoyennes de deuxième zone comparées aux hommes. C'est aussi les
opposer aux hommes.
Quatrième
raison : elle est psychologique. Une partie de la population souffre
dans le domaine amoureux et ne se remet pas en question. Elle
attribue la cause de ses malheurs au sexe opposé. Un certain nombre
d'hommes en conséquence au fond d'eux-mêmes cultivent la haine des
femmes. Ce qui ne peut que les encourager à soutenir et appeler de
leurs vœux la loi Gallardón.
Cinquième
raison : la bêtise pure, qui fait partie des éléments moteurs de
la société, en particulier pour aller dans le sens d'une régression
sociale.
Sixième
raison : l'absence du droit à l'avortement dans les grands textes de
base de la société : Déclaration universelle des droits de l'homme
et Constitutions des états.
Dans
un même mouvement certains états orientaux appliquent la lapidation
aux femmes adultères et l'Espagne interdit l'avortement. Il s'agit
d'un concours international de barbarie où la femme est toujours
perdante. La loi Gallardón est un signe majeur de l'écroulement de
la Civilisation, au même titre que la fermeture de l'hôpital
Hôtel-Dieu à Paris, le gaz de schiste ou la mise en place du grand
marché transatlantique. Si nous n'y prenons pas garde. Et n'y
remédions pas. Les différents aspects agréables de nos vies ne
seront bientôt plus que de vagues souvenirs périmés.
Basile,
philosophe naïf, Paris le 13 janvier 2014
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