La culture régnante dans la société où nous
vivons exagère absolument l'importance de ce qu'elle a baptisé « la
sexualité ». Ainsi, par exemple, c'est sur des notions de
différences dans ce domaine qu'elle définit la frontière entre
« l'enfance » et « l'âge adulte ». Or, ce
qui marque bien plus la différence entre les enfants et les adultes
relève d'autres domaines. Ce qui me frappe chez les enfants comparés
aux adultes ce sont trois choses : ils ont beaucoup plus d'énergie
que les adultes, une exigence de justice très forte et une
créativité débordante. Comparés aux enfants, nombre d'adultes
paraissent amorphes, acceptant des injustices sans sourciller, voire
en commettant eux-mêmes sans aucun problème. Et n'ayant autant dire
aucune créativité.
L'aberration de l'importance fondamentale accordée
à la sexualité est très bien soulignée par le propos d'une
fillette qui avait passé pour la première fois de sa vie un weekend
dans un centre naturiste. A la question posée : « quelle est
la différence que tu as remarqué entre les garçons et les filles
? » elle répondait tranquillement : « les garçons ont
des cheveux courts, les filles des cheveux longs ».
La culture où nous baignons ignore les qualités
intactes de l'enfance. Son énergie est baptisée « excès
d'énergie ». Au lieu de souligner son sens aigu de la justice,
on voit très fréquemment souligner ses traits inverses : la
méchanceté, par exemple, à l'égard d'un handicapé dont des
enfants se moqueront. Enfin, la créativité est niée, ignorée.
Elle sera détruite de multiples façons. A un enfant qui écrit des
histoires, on assénera : « apprends d'abord l'orthographe ! ».
Et on le dégoutera de l'écriture. Enfin, avec des jeux vidéos, des
émissions de télévision, on achèvera d'anéantir sa créativité.
A « l'arrivée » à l'âge adulte, dans
de très nombreux cas, l'ex enfant sera devenu mou, acceptant de voir
commis voire de commettre des injustices. Et laissant aux
« artistes » le soin de créer. C'est la tendance
générale de notre culture. Quant à « la sexualité »
elle sera bien souvent un ramassis de caricatures de la tendresse : violence,
ignorance, incompétence, vulgarité, malhonnêteté, intéressement,
hontes, incohérences, peurs, gâchis, désespoirs, dépressions,
suicides, seront le lot courant de ce domaine de la vie des adultes.
Sans le réaliser, on fera de la tendresse une marchandise. Autre
grand problème dans ce domaine dit « de la sexualité »
: on rencontrera le délit d'intention, voire de soupçon
d'intention. Et la diabolisation qui va avec. Si tel comportement
sera condamné, le soupçon d'avoir juste l'intention de le suivre
sera un motif de rejet.
Les excès abonderont. J'ai connu ainsi une gentille
jeune fille rejetée par quantité de filles de son entourage. Pour
la raison qu'elle était seule, très féminine et très jolie. Les
filles qui la rejetaient vivaient en couple. Et en déduisaient
qu'elle ne pouvait qu'être une briseuse de couples.
La même chose arrive fréquemment avec des femmes
divorcées. Les femmes vivants en couple de leur entourage, une fois
le divorce réalisé, vont ostraciser leur ex amie divorcée. Car une
divorcée serait forcément tentée de venir briser des couples ! Ce
qui fait qu'à la souffrance de la séparation s'ajoute fréquemment
pour des femmes divorcées de se retrouver ainsi isolées.
Ce n'est pas leur comportement qui sera incriminé
aux divorcées, mais un véritable délit d'intention supposé
conduisant à la diabolisation et au rejet. Un tel procès
d'intention, un tel rejet, une telle diabolisation, sont monnaie
courante dans le domaine dit « de la sexualité ». Ici,
où devrait régner la douceur, ce sera l'intolérance qu'on
rencontrera souvent. Et qui rendra malheureux plus d'un.
Basile, philosophe naïf, Paris le 5 janvier 2013
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