Il m'est arrivé au moins
quatre fois de faire des rencontres extraordinaires au sens
étymologique de ce mot : sortant tout à fait de l'ordinaire.
Tous les humains, moi y
compris, sont en général plus ou moins bloqué par une quantité de
peurs les plus variées : peur d'être seul, peur d'être ridicule,
peur d'être rejeté, peur de la violence, peur de ne pas y arriver,
peur d'être bête, peur de rater quelque chose, peur de ne pas faire
assez bien, peur de faire une chose interdite, peur de prendre des
risques, d'être incorrect, indécent, vieux, etc., etc.
En résumé : nous ne
sommes jamais libres. Car, tout au moins, nous ne nous sentons jamais
libres.
Et il se trouve qu'un soir, j'ai croisé une personne libre. Je l'ai senti parfaitement ainsi.
C'était à une soirée organisée je ne sais plus exactement pourquoi dans un cinéma qui existait à Paris avenue Victoria et qui à présent a fermé depuis des années.
Et il se trouve qu'un soir, j'ai croisé une personne libre. Je l'ai senti parfaitement ainsi.
C'était à une soirée organisée je ne sais plus exactement pourquoi dans un cinéma qui existait à Paris avenue Victoria et qui à présent a fermé depuis des années.
J'ai rencontré et parlé
avec une jeune femme d'une trentaine d'années environ. Je l'ai senti
étrangement complètement différente de tous les gens qui nous
entouraient. Je l'ai senti comme quelqu'un qui était sans limites.
Ne connaissait ni blocages sexuels, ni blocages d'aucune sorte.
Elle m'a parlé. Elle paraissait maitriser parfaitement tout ce qu'elle faisait. Elle était comme dans un autre monde, une autre dimension. Un peu comme la visiteuse d'un zoo humain qui voit des humains dans des cages et leur parle gentiment. Tout en sachant bien qu'elle ne peut nullement les libérer. Car leurs cages sont à l'intérieur d'eux et eux seuls peuvent s'en libérer.
Elle m'a parlé. Elle paraissait maitriser parfaitement tout ce qu'elle faisait. Elle était comme dans un autre monde, une autre dimension. Un peu comme la visiteuse d'un zoo humain qui voit des humains dans des cages et leur parle gentiment. Tout en sachant bien qu'elle ne peut nullement les libérer. Car leurs cages sont à l'intérieur d'eux et eux seuls peuvent s'en libérer.
Elle ne me témoignait ni
condescendance, ni pitié. J'étais un humain sympathique pour elle,
mais dans une cage. A l'issue de sa visite parmi les humains encagés,
elle repartirait continuer sa vie avec des humains libres. Des
humains libres, qui ne sont pas comme moi, comme la plupart, captifs
de leurs illusions. A tel point que le mot liberté a perdu son sens.
Ainsi, certains croient que la « liberté sexuelle »
consiste à baiser furieusement. Alors que la liberté consiste
justement à ne se sentir ni obligé de baiser, ni obligé de ne pas
baiser. Mais baiser seulement quand on en a vraiment envie et que
c'est possible.
La seconde rencontre
extraordinaire dont je voudrais parler s'est déroulée il y a une
quinzaine ou vingtaine d'années dans le bus 62 à Paris.
Je suis monté dans le
bus. Et aussitôt ai aperçu de loin une très jeune fille.
Nous avons eu tous les deux en même temps le sentiment de nous retrouver. De très bien nous connaître. Nous nous reconnaissions avec beaucoup de plaisir. Je me suis approché d'elle et lui ai parlé.
Nous avons eu tous les deux en même temps le sentiment de nous retrouver. De très bien nous connaître. Nous nous reconnaissions avec beaucoup de plaisir. Je me suis approché d'elle et lui ai parlé.
En bavardant, nous avons
très vite réalisé que nous ne nous connaissions absolument pas. Et
que, si ça se trouve, nous ne nous étions jamais rencontré.
Le constater nous a amusé
tous les deux. Puis, elle est descendu du bus. Je l'ai salué comme
une amie que j'allais revoir. Et ne l'ai jamais revu.
J'ai cherché des mois
après à retrouver sa trace. J'ai juste retrouvé l'arrêt précis
où elle était descendue. Mais le peu qu'elle m'avait dit indiquait
qu'elle rendait visite à une amie et n'habitait pas là.
Nous nous sommes vraiment
« reconnus » sans nous connaitre. Quelle explication
peut-on donner à ce phénomène ? Je n'en vois qu'une, qui n'est pas
« rationnelle ». Nous nous sommes déjà connus et avons
été très proches tous les deux avant, dans une autre vie.
Et nous sommes ainsi recroisés.
Les deux dernières
rencontres extraordinaires dont je voudrais parler concernent le
toucher.
J'ai fait un stage de
massages en 1986. A son début, après nous avoir parlé autour d'une
bougie allumée, la monitrice a éteint et retiré la bougie. Et nous a dit : « à
présent, fermez tous les yeux et allez tous les uns vers les autres
en vous touchant les uns les autres ».
C'était pour nous
familiariser avec le toucher, je suppose.
Or, dans le groupe emmêlé
que nous avons formé, j'ai tout de suite ressenti un accord, une
harmonie incroyable avec une des participantes. Comme ça, à priori,
rien ne l'indiquait visuellement.
Je ne m'explique pas cet
accord.
J'ai ressenti la même
chose avec une autre jeune femme quelques années plus tard.
Nous pratiquions en groupe une espèce de yoga relationnel.
Nous pratiquions en groupe une espèce de yoga relationnel.
Et, quand je ne faisais
même pas des exercices avec elle, simplement quand je m'approchais
d'elle pour lui faire la bise, je ressentais comme une harmonie
extrêmement forte de contact avec elle.
J'ignore ce qu'elle
ressentait précisément de son côté. Était-ce aussi harmonieux
pour elle ? Je ne sais pas.
Et ce n'était ni de
l'amour, ni une attirance « sexuelle ».
Existerait-il des groupes
tactiles affinitaires ? Un peu comme les groupes sanguins ?
Une jeune fille m'a dit
un jour ressentir pour un jeune homme quelque chose d'extraordinaire.
Une sorte d'attirance tactile irrésistible. Parlait-elle du même
genre de phénomène que j'ai ressenti ainsi ?
Ce qui paraît
intéressant en tous cas, c'est qu'il existe de types de peaux
différentes. On ne ressent pas du tout la même chose en touchant la
peau d'une personne ou d'une autre personne. Même en la frôlant
seulement en la croisant dans la rue. Ce qui peut arriver en été
avec nos avant bras nus.
Les genres de peaux sont-elles classables ?
Les genres de peaux sont-elles classables ?
A quoi tiennent nos
ressentis différents ?
Autant de question
auxquelles il serait intéressant de répondre. Et un champ de
recherches inexploré dans notre société malade du non toucher.
Et pour quelle raison
est-il interdit ou « sexuel », ce qui revient au même,
de toucher l'autre ? Cela aurait-il un rapport avec l'horreur de
toucher les morts ? Horreur étendue aux vivants ? Je n'en sais rien.
Mais une chose est de toutes façons certaine : notre société est
très gravement malade dans le domaine du toucher.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 26 août 2013
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