J'aime bien écouter sur
Internet les discours de Mélenchon. Il dit des choses justes et
d'autres qui le sont moins. Je ne suis pas forcément toujours
d'accord avec lui. Ce qui est agréable, c'est qu'il a un vrai talent
d'orateur. Et un sens pédagogique qui fait que ses exposés sont
toujours clairs et faciles à comprendre.
Aujourd'hui, j'écoutais
son discours de cloture des Remues-méninges, l'université
d'été de son parti. A un moment-donné, il s'étonnait que les
masses ne le rejoignent pas. En y réflechissant, je crois connaître
la raison de ce phénomène. Son discours est un discours du XIXème
siècle. Dedans, il y a des choses très justes. Il y a aussi la
marque propre au mouvement ouvrier de ce temps-là. Il était issu à
ses débuts des traditions du christianisme social. Et donc était
imprégné par la morale judéo-chrétienne qui condamne l'oisiveté
« mère de tous les vices » et encense « le
travail ».
Cette morale, traduite
par Marx et d'autres, a donné l'antagonisme entre le capital
parasite et le travail producteur. La lutte des classes qui en
découle existe effectivement.
Selon cette morale : le riche « s'enrichit en dormant » alors que l'ouvrier va travailler.
Selon cette morale : le riche « s'enrichit en dormant » alors que l'ouvrier va travailler.
Comme le dit Eugène
Pottier, auteur de L'Internationale, dans sa chanson L'Insurgé
: il faut faire « la guerre sociale »
Dont on ne verra pas la fin
Tant qu'un seul pourra, sur la sphère,
Devenir riche sans rien faire,
Tant qu'un travailleur aura faim !
Le dernier couplet de
L'Internationale
précise qu'après la victoire ouvrière « L'oisif ira loger
ailleurs ». Loger « ailleurs » que sur Terre, c'est
mourir. Juste après 1917, les bolcheviks écrivaient partout en
Russie la phrase de Saint Paul « qui ne travaille pas, ne
mange pas ». Staline a décrété dans les années 1920 que les
paysans russes « riches », les koulaks, étaient des
feignants, des parasites sociaux. Il les a fait mourir par millions.
Ils sont aller « loger ailleurs », au ciel, avec leurs
familles. En résumé : le travail c'est bien, le capital c'est mal.
Admettons que le capital c'est mal. En quoi le travail c'est bien ?
Car, depuis le XIXème siècle, la productivité du travail a
augmenté vertigineusement. Aujourd'hui, l'homme peut enfin s'asseoir
sur l'herbe et contempler les étoiles. Pour la première fois depuis
des millions d'années il a la possibilité, sans être riche, de
prendre le temps de rêver. A condition, bien sûr, de se débarrasser
du capital.
Mais Mélenchon, que
propose-t-il comme projet de société ? Trrrrravailler !
Conquérir les océans et créer des millions d'emplois. Voilà qui
ne change pas fondamentalement les choses. Alors que le progrès
technique permet de redéfinir la place de l'Homme dans la Nature.
Donner à chacun un revenu de base suffisant pour vivre en
travaillant ou non. Et travailler au plus deux jours par semaine et
quatre pour commencer. Développer un urbanisme paysager avec des
salles des fêtes et des salles de bals et de concerts partout.
Pourvoir chaque quartier ou village d'une fanfare, etc.
De tout cela, il n'y a
pas trace chez Mélenchon comme chez bien d'autres. Juste :
travailler. C'est certainement mieux que le chômage. Mais ça n'a
rien d'enthousiasmant. Ce n'est pas un projet de société. Mélenchon
veut conquérir les mers. J'aimerais lui conseiller de continuer à
embêter les hommes d'affaires, les riches, les banquiers, les
financiers. Et laisser tranquille les poissons et le plancton. Le
seul océan à conquérir est celui de la poésie en action et de la
sieste crapuleuse.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 26 août 2013
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