Prenez un écureuil, mettez-le dans une roue, il la fait tourner le plus vite possible. Pourquoi ? Parce que la logique de l'écureuil est ici de faire exactement ce qui suit l'acte précédent, sans se poser de question. Il est dans la roue. Quel est le geste qui suit logiquement ? Tourner la roue. Même s'il s'épuise et que ça ne sert à rien d'utile pour lui.
En Macédoine antique
régnait un roi nommé Philippe. Il était très guerrier. Au cours
d'un combat il perdit même un œil. Son fils Alexandre lui succéda.
Il continua à faire la guerre, comme son père. Et comme il
disposait de combattants armés de lances longues de trois mètres,
il écrasa tous ses adversaires qui employaient des lances plus
courtes. Il vainquit tant de rois et empereurs qu'arrivé très loin
de chez lui, Alexandra paraît-il pleura, désespéré de ne plus
avoir de nouvelles terres à conquérir. Alexandre n'a pas réfléchit.
Comme l'écureuil, il a tourné bêtement sa roue. Et avec un tel
succès qu'on l'a baptisé Mégalexandros, ce qui signifie en
grec : Alexandre le Grand. Grand comment ? Grand comme un
stupide écureuil.
Plus proche de nous :
Einstein écrivit un jour au président des États-Unis pour lui dire
qu'il fallait mettre au point la bombe atomique avant que l'Allemagne
nazie ne le fasse. Un prodigieux ensemble de savants et travailleurs dirigé par le
Communiste américain Robert Oppenheimer et le général Leslie Groves travailla
furieusement au sein du projet Manhattan. Le projet n'avait
pas abouti que l'Allemagne nazie a capitulé. Il ne restait plus
aucune raison de s'acharner à mettre au point la bombe atomique.
Pourtant alors les scientifiques redoublèrent d'efforts. Comme des
écureuils dans leur roue. Et grâce à ces stupides écureuils, la
bombe atomique enfin au point fut jetée sur les Japonais, auxquels
au départ elle n'était pas destinée.
Durant les décennies de
la Guerre Froide, les agents secrets américains luttèrent contre le
Communisme avec l'énergie de l'écureuil dans sa roue. Ils
s'évertuèrent même à exagérer le péril rouge afin d'obtenir des
crédits plus généreux que ceux prévus. Au total les États-Unis
déboursèrent pour vaincre le Communisme 11 000 milliards de dollars
!
Quand une responsable patronale demande le droit pour les patrons français de pouvoir baisser les salaires, elle n'est ni folle, ni
stupide, ni méchante. Une fois dans sa roue, elle la fait tourner.
Avec pour résultat, par exemple, de demander l'autorisation de baisser les salaires
des salariés.
Quand on expulse de sa
maison de retraite une nonagénaire pour impayés, quand on ferme les
magasins Virgin ou qu'on liquide les derniers hauts fourneaux
de Lorraine à Florange, ceux qui décident de le faire ne
réfléchissent pas. Ils suivent leur mini-conscience d'écureuil et
tournent la roue, peu importe les conséquences.
Et des gouvernants font
de même à la tête de l'état, quand ils ne savent que chercher à
durer. Ce sont encore des écureuils.
Mais quel but ont-ils ?
Aucun, en fait. Tourner leur roue et c'est tout. Il faut reposer la
question du but de la société, de nos vies. Pour moi, ce sont les
caresses, l'art, l'amour et la convivialité. Et nous pouvons d'ores
et déjà parvenir à en faire vivre et prospérer certains éléments.
Pourvu que nous ne perdions pas de vue que la vie se vit au présent
et ici. Et pas en s'investissant dans la tourne inlassable de notre
roue d'écureuil au milieu d'une armée d'autres écureuils stupides
et sans but.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 9 janvier 2013
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