On cherche l'amour. On essaye de l'apprivoiser. On
croit le saisir. Il se dérobe. Que faire alors ? En dépit de
l'immensité des efforts, on voit par millions des gens souffrirent
du manque d'amour, de la solitude. Et des dizaines de milliers tentés
par le suicide ou passant à l'acte suite à la souffrance amoureuse.
Pour comprendre la raison de cette crise de l'amour,
il faut considérer les défauts correctibles de la pratique
amoureuse.
Et refuser de suivre les rassurantes et vieilles
ornières qui ne conduisent nulle part excepté dans le mur.
Arrêtons de chercher la solution dans l'excès :
« tu es tout pour moi », « je ne peux pas vivre
sans toi » et autres balivernes dangereuses. Est-ce si
intelligent que ça de vouloir se résumer à être une dépendance
de quelqu'un d'autre ? Il est temps de proclamer haut et fort à la
face du monde que la passion est un piège mortel, une chose mauvaise
et à fuir. Et finir comme Roméo et Juliette, deux beaux enfants
réduits à l'état de charogne puante, nous fait gerber.
Donc, cherchons autre chose que ça en qualité
d'amour. Il existe un sentiment agréable, rassurant, qu'on approche
ou trouve dans quantité de circonstances. Ce sentiment on l'éprouve
quand on ressent de l'accord avec un ou une autre dans certains cas.
Ils est baptisé de diverses façons : fraternité d'armes, ou de
malheur, sentiment d'appartenance à une famille, un groupe, une
fraternité religieuse, une école artistique, un parti politique, un
syndicat, une conspiration, un commando, un groupe de forçats
évadés, une association festive, esprit d'équipe, amour
« paisible », fraternité de Carnaval, ou dans le cadre
en général d'une fête vivante, sentiment de proximité entre
enfants, d'un enfant envers des adultes, d'adultes pour un enfant,
etc.
C'est cet amour qui est intéressant et pas un
autre, le passionnel, destructeur, meurtrier comme celui de Roméo et
Juliette. Qu'il faut résolument condamner et rejeter.
Concomitant à l'amour façon Roméo et Juliette,
« tu es tout pour moi », etc. on trouve la jalousie. Elle
est à exclure. L'autre n'est pas à résumer à une « bouée
de sauvetage sentimentale » à laquelle on va s'accrocher avec
l'énergie du désespoir.
On prétend qu'aimer signifie choisir de « vivre
à deux ». Pourquoi devrait-on forcément vivre à deux, se
replier dans une relation binaire et appauvrissante ? Le monde est
rempli de plus d'une autre personne en dehors de vous.
Le piège sophistiqué du sexe arbitraire et
artificiel est à éviter. Ceux qui croient que l'acte sexuel à
répétition constitue un idéal sont de pauvres imbéciles. Et ils
sont nombreux, très nombreux, plus de sexe masculin que féminin.
Mais il en existe également de sexe féminin. On ne doit faire
l'amour qu'à condition d'en éprouver réciproquement vraiment le
désir, et en aucun cas simplement parce que c'est techniquement
possible.
On doit refuser d'accumuler à deux les
interdictions réciproques baptisées « concessions ». Et
au contraire décréter que, dans le respect réciproque,
rigoureusement tout est possible et demandable.
Enfin, plutôt que proclamer son amour à la face du
monde, il faut témoigner d'une relative discrétion à l'égard de
l'entourage et la société en général. En quoi cela concerne des
tiers si untel aime unetelle ? Cela concerne untel et unetelle. Et
c'est tout.
Ces idées expérimentales sont à étudier. Afin de
trouver enfin un jour les voies et moyens pour remédier à la crise
de l'amour et ses conséquences sociales dévastatrices. La première
cause de mort chez les jeunes n'est pas un problème à traiter à la
légère ou à ignorer.
Chacun est libre de chercher à agir comme il
l'entend. Mais rien ne lui interdit de se poser les vraies questions.
Et chercher leurs réponses.
Basile, philosophe naïf, Paris le 23 février
2014
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