Il existe cinq
continents. Auxquels s'est ajouté récemment le Grande plaque de
déchets du Pacifique (Great Pacific Garbage Patch), que certains ont
baptisé le sixième continent. Il s'agit d'une accumulation de
déchets de plastiques. Certains ont aussi parlé d'un sixième
continent disparu qu'ils ont baptisé Mauritius.
Ma réflexion poétique a
ajouté à ces six continents un septième : le continent de l'Amour.
Continent auquel nombre d'humains n'arrivent pas ou guère à
aborder. C'est de très loin le plus important et le plus difficile
d'accès de tous les continents. Tout le monde en rêve, pourtant.
Quelle cause explique son caractère si souvent très largement
inaccessible ?
Elle se trouve en nous et
dans l'histoire humaine. Il s'agit d'un dérèglement très ancien.
Si ancien qu'on ne sait plus l'identifier, ou mal.
Il y a de cela des
milliers, dizaines ou centaines de milliers d'années, un dérèglement
d'origine culturel est intervenu dans le comportement humain.
Transmis par l'éducation, de générations en générations, il
s'est perpétué depuis. Et trouble notre vie et notre conscience
adulte.
Initialement, seul
l'instinct nous guidait. Il existe toujours en nous. Mais viennent le
troubler l'éducation, la morale, les interdits, les stéréotypes
comportementaux, les lois... Or, dans celles-ci, il y a très
longtemps s'est trouvé le phénomène suivant : on a « forcé »
la sexualité. C'est à dire qu'on a inculqué aux hommes le projet
permanent, le « challenge » de chercher sans arrêts
l'accouplement avec les femmes. Au lieu que cet acte s'inscrive dans
le cycle naturel, il est devenu une sorte de revendication pressante,
incessante et perturbante.
En retour, les femmes ont
cherché à y échapper. Ou alors échanger, négocier l'acte en
échange d'avantages divers, réels ou supposés, en particulier la
« fidélité ». Qui signifie ici une large prise de contrôle
du conjoint par la conjointe.
Ce type de rapports, loin
d'être affectueux, amical, amoureux, a pris la forme de la violence,
morale ou – et – physique. L'acte sexuel est devenu y compris un
objet d'achat et vente.
Alors qu'il suffirait de
s'écouter et écouter l'autre, l'homme s'est perdu dans la recherche
frénétique de l'accouplement. La femme s'est résignée à le
croire par nature obsédé sexuel. L'acte étant lui-même
éventuellement reproducteur, les projets d'enfants sont venus
compliquer le tableau relationnel homme-femme.
Des comportements
stéréotypés sont issus du trouble régnant. L'homme cherchant sans
arrêts à forcer la femme à l'accouplement. Celle-ci passant le
temps à esquiver. Et « céder » parfois. Le terme
« céder » est éloquent.
Une femme me confiait au
début des années 1980 : « à partir du moment où j'ai eu treize ans,
tous les hommes qui m'approchaient paraissaient avoir une idée derrière la tête, qui
m'empêchait d'établir des relations avec eux. » Un journal que
j'ai lu rapportait ce propos d'une très jeune fille : « à
partir de douze ans, les garçons ne pensent qu'à ça », ce
qui les rend infréquentables.
On rétorquera : « c'est
ainsi, c'est la Nature ». Je répondrais : « c'est faux,
archi-faux ».
Le cliché de l'homme
« actif » et la femme « passive » a la vie
dure. En fait il s'agit de comportements inculqués. Ils confinent à
la paralysie sentimentale et gestuelle de certaines femmes. Ainsi, il
arrive qu'elles reçoivent des caresses et paraissent incapables du moindre
geste tendre. Que, durant l'accouplement, la femme soit comme
paralysée et immobile. Qu'elle accepte l'accouplement sans plaisir
ni savoir même pourquoi. Ce sont des phénomènes que j'ai pu
observer.
Une chose qui a brouillé
les pistes a été l'évolution des femmes ces dernières années en
Occident. L'émancipation féminine très relative de cette période
a amené les femmes à imiter l'homme. Dans trois domaines au moins
ça les a conduit à suivre les mêmes erreurs que les hommes.
Il s'agit de l'alcool, du
tabac et de la sexualité. Dans ces domaines, un très grand nombre
de femmes ont cru s'émanciper en imitant l'imbécilité répandue
chez les hommes.
Il y a cinquante ans il
était très mal vu qu'une femme soit saoul. Fumer était considéré
comme très vulgaire si c'était une femme qui fumait. A présent,
les femmes tendent à picoler autant que les hommes et à fumer
aussi. Résultat avec le tabac, elles rattrapent les hommes dans le
domaine du cancer du poumon ou des intestins. L'égalité ici dans le
risque de tomber gravement malade et en mourir n'est pas une
émancipation.
S'agissant de la
sexualité, l'erreur aussi est intervenue. Le consumérisme sexuel
imbécile des hommes a fait florès chez les femmes. Les premières
générations de femmes qui se sont lancées dans l'imitation des
hommes il y a quelques décennies ont payé souvent très cher cette
manière d'agir. Aujourd'hui, quantité d'entre elles se retrouvent
âgées, seules et sans enfants. Et sont passées à côté de leur
vie. Comme me disait l'une d'entre elles : « j'ai l'impression
d'être passée à côté de quelque chose », mais quoi ? Elle
était incapable de le dire.
Victimes collatérale du
conflit homme-femme, il y a les enfants. Ne pas suivre son instinct
dans le domaine amoureux favorise la violence en général. Si on
renonce au chemin du septième continent, il devient facile de
brutaliser les enfants.
Par exemple, on les
mettra très jeunes à dormir seuls et dans l'obscurité au lieu de
les garder près de soi. On les trainera à l'école ou à la crèche
sans réagir à leurs hurlements de désespoir quand ils en poussent.
Ce ne sont que des enfants ! Ils doivent suivre le dressage commun,
baptisé « éducation ».
Une mère me disait avoir
systématiquement choisi d'attendre l'heure du réveil de sa fille
pour l'emmener à l'école. L'amenant en retard tous les jours, elle
était sujette aux remontrances de l'école et s'en fichait. Elle
avait bien raison.
Une auxiliaire en
puériculture m'a fait part de son écœurement à la vue de bébés
levés très tôt, amenés en crèche. Et laissés là malgré leur
souffrance visible de devoir être abandonnés ainsi pour la journée
par leurs parents.
Mais, il est de bon ton
dans « la pensée unique » d'affirmer que c'est là
l'éducation... Tout ce qui rappelle l'instinct est battu en brèche.
On fabrique des adultes sans se poser de questions. Du moment qu'on
suit partout et toujours les « modèles » régnants.
Et quand ces modèles
nous rendent le septième continent inaccessible, on maudit l'autre,
le sexe opposé, la faute à « pas de chance ». Et on va
voir le psychologue. On prend des médicaments. Et on ne s'en sort
pas. Car remettre en question définitivement de très vieux
comportements erronés et imbéciles n'est pas une chose simple et
facile. Combien plus confortable à certains paraît le fait d'être
malheureux « comme les autres ». Et dire qu'il est normal
que l'amour fasse souffrir. Il est donc normal que le sucré soit
salé. Eh bien non, je ne suis pas d'accord. Le sucré est sucré.
L'Amour est l'Amour. Et le septième continent est accessible. A
condition d'en trouver le chemin.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 4 février 2014
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