Les petits enfants ont
des jeux sexuels. Une particularité de ceux-ci est qu'ils n'ont pas
d'interdits. L'autre est l'absence d'obligations. Dans la sexualité
adulte, on revendique un résultat. Et on prétend donner au sexe une
valeur supérieure à tout le reste. C'est une bien grave erreur. Se
souvenir de notre conduite enfantine pourrait nous aider à
abandonner des erreurs adultes qui nous coutent parfois bien cher.
On découvre une vraie mine
d'or de renseignements sur nous tous, en s'intéressant à l'enfance
dans les souvenirs de jeunesse des adultes. Quand on évoque
aujourd'hui les souvenirs sexuels d'enfance, c'est souvent pour
parler de traumatismes et d'histoires sinistres. Il est plus que
temps de s'occuper à récolter soigneusement et avec précisions la
masse d'informations tendres, joyeuses, marrantes, surprenantes et
pas dramatiques du tout que quantité de gens adultes peuvent
fournir. Et qu'on néglige, alors qu'elles sont extrêmement
intéressantes, parlantes, précieuses. On a tort de les réduire à
des « enfantillages ». C'est l'âme humaine qui s'exprime
là. De ces récits d'événements microscopiques survenus il y a des
dizaines d'années, on peut tirer des conclusions intéressantes.
L'approche du sexe chez
les enfants, dans leurs jeux, paraît plus saine que chez bien des
adultes. Les enfants apprécient à l'occasion autant le chant, le
dessin ou le jeu de ballon, que les jeux classés sexuels. Il n'y a
pas ici de préséance qui conférerait au sexe une place supérieure
au reste. Par comparaison, les adultes paraissent vraiment obsédés
d'arriver à un résultat, et un résultat formaté. Ce qui fait que
leur vie sexuelle est souvent bien triste et déplorable. Chez les
adultes on entend même parler de « performances ». Mais,
pourquoi le but de la vie serait-il de réaliser des « performances »
? Le but de la vie est de vivre chaque instant, en l'appréciant
pleinement.
Il n'y a pas que le sexe
qui est intéressant à étudier dans les souvenirs d'enfance des
adultes. Voici une histoire marrante et scatologique qui m'est
arrivée quand j'étais tout petit.
J'ai commencé à être
propre, ne plus faire dans ma culotte et aller aux WC. Mais, chose
bizarre, je ne m'essuyais pas. Pour me nettoyer, j'appelais à l'aide
les adultes de mon entourage. Mon père m'avait même appris une
expression pour appeler à l'aide : « Venez m'essuyer l'anus
! »
Ça a duré un certain
temps. Et, soudainement, je suis arrivé à me débrouiller tout
seul. Que s'était-il passé ?
Pour se nettoyer le cul,
j'étais persuadé que les adultes profitaient de certaines capacités
extraordinaires que moi, petit, n'avais pas. Ils parvenaient à se
contorsionner en telle sorte qu'ils arrivaient, quand ils
s'essuyaient après avoir chié, à se regarder le cul et apprécier
s'il était propre !
Moi, pauvre petit, je ne
savais pas faire comme eux. Et avais donc impérativement besoin de
leur secours. Mais voilà qu'un jour, en parlant avec mon père et ma
mère, mon père un peu énervé me dit : « tu n'as qu'à
regarder le papier, pour voir s'il est encore sale ». C'était
donc ça la clé du problème ! Il ne s'agissait pas de se
contorsionner pour se regarder le trou du cul mais d'estimer à la
vue du papier si c'était correctement essuyé.
Ça, personne n'avait su me le faire comprendre ! Dès que je l'ai su, j'ai pu me débrouiller
tout seul ! On ne m'a pas posé alors de question à propos de mon
changement.
En rassemblant des
dizaines de milliers de récits d'adultes rapportant des souvenirs
d'enfance, on finira par reconstituer un puzzle phénoménal, général
et des plus instructifs. Tous au travail !
Basile, philosophe
naïf, Paris le 13 janvier 2014
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