La peur de la mort et la
souffrance causée par le manque d'amour sont une seule et même
chose. Ceci explique pourquoi des personnes très croyantes mais
manquant d'amour peuvent avoir peur de mourir. Et des personnes
rassasiées d'amour et absolument pas croyantes peuvent ne pas du
tout avoir peur de mourir. J'ai eu l'occasion de rencontrer les deux
cas de figure. Et je me souviens avoir commencé à souffrir de la
peur de la mort justement quand j'étais en grave manque d'amour. Ce
manque d'amour prenant en fait la forme de cette peur.
Les hommes de pouvoir
amoureux de leur fauteuil de direction, carencé en amour peuvent
aussi témoigner d'une peur apparente de leur mort. Qui en réalité
exprime leur manque d'amour.
L'amour, les câlins, le
sexe, sont trois éléments de la vie que notre société s'applique
à rendre très difficilement identifiables séparément.
L'interaction entre ces phénomènes distincts trouve une expression
intéressante s'agissant des victimes d'agressions sexuelles.
J'ai été interpellé
par la confrontation entre deux cas de personnes agressées très
jeunes : l'une à huit ans, l'autre à neuf.
La première, un garçon, a
subit quelques attouchements génitaux. Le résultat terrifiant a été
un traumatisme qui a troublé gravement sa vie jusqu'à l'âge de
cinquante ans, soit durant quarante-deux ans.
La seconde, une fille,
durant un moment d'intimité et de jeu quand elle à neuf ans est
carrément pénétrée par son frère aîné. Il use de son pénis en
érection. Elle saigne alors un peu et ne réalise pas vraiment ce
qui vient de lui arriver. Il s'agit donc d'un viol. Il se passe il y
a un peu plus d'une quarantaine d'années.
Or, cette personne violée
ne subit presque aucune conséquences psychologiques de cela dans sa
vie. Et paraît la conduire, notamment sur le plan affectif et
sexuel, avec une maestria peu commune.
Comment expliquer la
différence de conséquences de ces deux agressions sexuelles ? Logiquement, on penserait que la fille aurait du être
plus traumatisée que le garçon. Or, c'est l'inverse qui s'est
produit. J'ai fini par comprendre l'origine du phénomène.
La différence
essentielle entre le garçon et la fille tient en ceci. Le garçon
vit dans une famille où il ne reçoit aucun bisou, caresse, câlin.
La fille, elle, grandit dans une famille où ses père et mère et
son jeune frère la comble de câlins.
Le garçon est câlinement
parlant comme une caisse vide. La fille comme une caisse pleine à
ras bords. Résultat, quand on donne un coup de pied, l'agression
sexuelle, à l'une, elle est bouleversée, renversée avec bruit. La
seconde réagit à peine.
Et si pour la prévention
des conséquences d'agressions sexuelles les câlins sont idéaux, on
peut aussi penser qu'ils pourront servir à soigner les conséquences
d'agressions sexuelles sur des personnes carencées en câlins ou
pas. Notre médecine nationale n'est pas assez mûre pour adopter ce
genre de traitements. Elle préfère la psychologie, la parole. Mais,
soigne-t-on une jambe cassée avec une psychothérapie ? Peut-être
aux Pays-Bas, où on a été jusqu'à imaginer des prostitués
thérapeutiques pour invalides, un traitement à base de câlins
non sexuels pourrait voir le jour
Basile, philosophe
naïf, Paris le 21 novembre 2013
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