Prétendre établir une
frontière « sexuelle » dans la vie courante. Entre ce
qui relève de « la vie » en général et du « sexe »
en particulier, frontière correspondant au sevrage tactile
universel. C'est un phénomène qui s'observe dans les gestes les plus
anodins. Ainsi, prendre quelqu'un sur ses genoux.
S'il s'agit d'une petite
fille ou un petit garçon, ce n'est pas « sexe ». En
revanche, dès qu'il s'agit d'un jeune homme ou une jeune fille, ça
n'est plus la même chose. Ce geste étant d'ailleurs jugé ridicule
si c'est la jeune fille qui prend le jeune homme sur ses genoux. Il
s'agit donc d'un geste « sexuel » à caractère
dominateur. Celui qui prend l'autre sur ses genoux le domine. Et il
appartient, dans nos innommables traditions machistes que le garçon
domine la fille. De même que dans le discours hypocrite de la
société « la femme est l'égal de l'homme » et non
« l'homme est l'égal de la femme ». Ce genre de
préséance révélant bien les fondements sexistes et machistes de
notre société.
Dans un reportage
télévisé, une dame qui élevait une trentaine de chats disait au
reporter : « vous ne voulez quand-même pas que je prenne mon
fils de 15 ans sur mes genoux ! » Sous-entendu : ça ne se fait
pas. C'est pourquoi j'ai plein de chats à la maison. Eux, je peux
les prendre sur les genoux.
Une amie me disait
qu'arrivée à l'âge de 14 ans elle continuait à s'asseoir sur les
genoux de son très gentil papa. Et elle surprit un jour une
engueulade de sa très gentille maman à son très gentil papa lui
signifiant qu'il n'avait plus à accepter de prendre leur fille sur
ses genoux. Car c'était à présent une jeune fille... Donc, c'était
« sexe ». Et il ne devait pas le faire.
Un jour, j'ai vu une
scène cocasse : un père de famille dont la très jeune fille de 13
ans s'asseyait sur ses genoux. Le pauvre était comme paralysé et
n'osait pas la toucher avec ses mains ! Il était débordé, par quoi
? Par la tendresse de sa fille que son éducation interdisait à
présent de toucher.
L'interprétation
culturelle stupide de certaines réactions physiologiques tout à
fait innocentes et courantes vient ajouter à la confusion. Elle se
retrouve dans une anecdote concernant un célèbre pédagogue
polonais : Janusz Korcjack. Une ancienne pensionnaire de son
orphelinat avec deux amies aussi ex pensionnaires retrouvent un jour
Korcjack après quelques années. Elles ont 13 ans et lui font des
câlins. Et son très déçues et choquées par l'accueil glacé
qu'il leur réserve.
En fait, il faut savoir
que le simple plaisir peut provoquer des réactions génitales. Chez
l'homme : sensations agréables au niveau génital, avec éventuelles
émissions des glandes de Cowper, érections plus ou moins marquées.
Les imbéciles tenants de la sinistre « pensée unique »
en concluent qu'il a envie de « faire l'amour ». Que
c'est bien de le faire. Qu'il faut le faire... C'est faux. Le
seul plaisir amène ces réactions. L'envie, elle, se manifeste par
l'envie et non l'observation de son zizi et les conclusions
intellectuelles qu'il faudrait soi disant en tirer. Comme si on
devait obéir à son zizi ! C'est absolument stupide et risible.
Korcjack avait certainement grand plaisir à revoir ces très jeunes
filles. Mais il était victime de son éducation. Comme le papa
paralysé avec sa fille sur les genoux. Si ça se trouve il sentait
chez lui d'agréables réactions génitales qui le terrorisaient.
Alors qu'il aurait du se dire : « c'est normal, ce n'est
rien. » Et quand bien-même il aurait vraiment eu envie de
« faire l'amour » il pouvait très bien ne pas suivre ce
désir contraire à son éducation.
Une jeune femme très
impressionnable et au franc parlé me disait un jour : « j'espère
que tu n'as pas d'érection au contact de ma fille ! » Je n'en
avais pas. Le « contact » en question se résumant à
faire la bise à sa très jeune fille pubère. Mais quand bien-même
aurais-je eu une telle réaction, je n'avais nullement à m'y
« conformer » pour suivre les schémas imbéciles
dominants de la société. De ces pensées je n'ai pas soufflé mot à
la maman inquiète que ça n'aurait pas rassuré. J'ai juste dit non.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 24 août 2013
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire