Par expérience je dirais
qu'il est préférable dans le domaine de l'amour et la haine :
De ne haïr personne, y
compris les pires individus. Car, que cela nous soit facile à
admettre ou non, ce sont nos sœurs et nos frères. Qui se conduisent
mal, très mal-même. Mais ce sont nos sœurs et nos frères
quand-même et malgré tout. Les considérer comme des « monstres »,
des « non-humains », les « diaboliser » est
un trucage confortable pour nier la dérangeante réalité : « oui,
ces individus sont bien des humains comme nous ».
A ce propos, je lisais un
jour un livre où l'auteur admirait le propos entendu un jour lors
d'une visite des installations de l'ancien camp de concentration de
Dachau. Le guide était un ancien déporté. Énumérant toutes
sortes d'horreurs qu'il avait subi avec les autres déportés, il
ajoutait : « voilà ce dont nous sommes capable ». Nous,
c'est-à-dire les humains en général, y compris lui, qui fut une
victime et non un bourreau.
Il est nécessaire aussi
de respecter tout le monde, y compris les plus sinistres individus.
Ce qui ne signifie nullement les encourager dans leur inconduite. Ni,
bien sûr, les aimer.
Je suis convaincu qu'une
des plus belles conduites à avoir et qui finalement nous protège
aussi des ennuis, c'est rester toujours gentil.
S'affronter, se battre,
se disputer, humilier son prochain ne sert à rien.
J'étais un jour en
compagnie d'une personne fourbe et hypocrite qui m'avait bien roulé
et exploité. Et paraissait s'en réjouir et ricaner intérieurement.
J'ai subitement ressenti en moi une vive envie de faire ce que je
n'ai jamais fait à personne : lui taper dessus. Je me suis retenu.
Uniquement en me disant : « je ne fais pas ce genre de
choses. » A présent, je m'en félicite. La personne en
question s'est quelques temps après senti tellement honteuse de son
inconduite que, restant malhonnête, elle en a été furieuse ! Je
l'avais mise face à ses propres contradictions : vouloir se sentir
fière d'elle et se conduire très mal avec un « inoffensif et
généreux gentil » : moi. L'aurais-je frappé, elle aurait été
la martyre, moi le méchant égoïste. Sans parler des soucis que la
violence amène : problèmes avec la police qui intervient pour
calmer le jeu, etc. Oui, je reste et resterais toujours un
« gentil ». C'est la meilleure façon de gérer et
déranger les gens qui se conduisent mal et n'espèrent pas mieux
qu'on se retrouve à agir comme eux. Se retrouver sur leur terrain ne
pouvant qu'ajouter d'autres ennuis à ceux qu'ils nous ont déjà
causé. Car accepter pour agir leur terrain nous rend semblable à
eux.
S'agissant de l'amour, la
plupart des gens se conduisent comme s'ils se considéraient comme
des astres morts qui cherchent à l'extérieur la chaleur de vivantes
étoiles. Pour se réchauffer. Ils cherchent. La plupart de nous
cherchons, le plus souvent, à récolter l'amour à l'extérieur.
Alors qu'en fait il est présent en nous.
Il faut aimer sans
retour. Ne rien attendre. Même rire de nos attentes et de celles des
autres. Les humains sont en amour, pour la plupart, fous ou égoïstes,
souvent les deux à la fois. Chercher leur amour est aussi
raisonnable que chercher de l'eau dans le sable brûlant du désert.
Nous caressons la tête
du chat. Il nous regarde avec sympathie. Et nous pensons : « comme
il nous aime ! » En fait, il apprécie simplement notre
caresse. Si ça se trouve, il se fout complètement de nous. Sa
pâtée, les souris et les petites chattes du quartier le préoccupent
un milliard de fois plus que nous.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 17 juin 2013
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