A propos de l'amour, il
n'est pas rare d'entendre ce propos désabusé : « au début,
c'est toujours bien... et après, ça se dégrade. » Et,
depuis quelques années, autre propos fréquent sur le même sujet :
« l'amour... ça dure deux ans. » Quelle est l'origine de
tels avis ? Au départ d'une « relation d'amour » on
trouve « la séduction ». De quoi est-elle faite
exactement ? Analyser le début de la relation doit permettre de
mieux comprendre la suite.
L'homme et la femme sont
des singes contrariés par leur culture. Dans la relation d'amour
singe on trouve diverses choses. Ainsi la promiscuité : les singes
proches affectivement aiment se trouver au contact. Ils se collent
plus ou moins les uns aux autres. Ce type de comportement est visible
chez les petits enfants parisiens qui ne sont pas encore autant
dénaturés que les adultes. Un petit enfant grimpe sur les genoux
des adultes proches. S'il s'assied près de l'un d'eux, il va s'en
servir comme point d'appui. Parlant de sa fille jeune, une mère
s'en plaignait devant moi : « c'est une liane ». La mère
n'aimait pas le contact autant que sa fille. Certains adultes évitent
le contact avec leurs enfants au point que ces derniers, devenus
grands, s'en souvenant, s'en plaindront amèrement.
Ce qui frappe quand on
observe la foule dans une rame du métro parisien, c'est que,
premièrement, même s'il fait très chaud, tout le monde porte des
vêtements, ce qui est une barrière au contact visuel et physique.
Et, deuxièmement, à part les personnes proches affectivement, le
contact physique est totalement évité. On a affaire à une vraie
contactophobie. Les humains ont une sorte de terreur et dégoût du
contact physique. Réservant celui-ci à des circonstances et
situations bien précises et délimitées. Une amie me racontait que,
quand elle a atteint l'âge de treize-quatorze ans, elle a entendu sa
mère engueuler son père parce qu'il continuait à accepter de
prendre sa fille sur ses genoux. Le vêtement obligatoire baptisé
« pudeur » et la peur du toucher sont deux très grands
traumatismes habituels qui contribuent largement au mal-être du
singe « civilisé ».
Un phénomène de
première importance est totalement nié chez le singe humain : le
toilettage. Les singes se lèchent les-uns les-autres. Vous vous
voyez lécher quelqu'un, par exemple le cou d'une femme ? Si, bien
sûr, éventuellement dans le cadre de ce qu'on baptise « l'amour
physique ». Nous y reviendrons. Le toilettage est un des
secteurs les plus sinistrés de la relation entre singes humains.
Il existe aussi les
bisous, les caresses, les câlins. Et enfin, le sexe, c'est-à-dire
l'acte sexuel. La monumentale barbarie et imbécilité de la
« Civilisation » a prétendu associer obligatoirement
dans « la séduction » : la promiscuité, le toilettage,
les câlins et le sexe, le tout subordonné à ce dernier.
Aussi étrange et
loufoque que cela puisse paraître, être nus à deux dans un lit ou
lécher quelqu'un n'est nullement sexuel. Il s'agit de promiscuité
et toilettage. Certains idiots croyant faire le malin, on qualifié
la nudité partagée, le léchage ou les câlins de
« préliminaires ». Sous-entendu qu'on doit ensuite
forcément passer à l'essentiel, aux « choses sérieuses »
: l'acte sexuel. Le résultat de ce délire est que, quand l'harmonie
se fait entre deux individus, la perturbation dévastatrice de la
« Civilisation » s'invite ensuite dans la relation. Avant celle-ci, c'est
très souvent bien, car c'est authentique. Ensuite on suit les
schémas formatés du « couple » et tout commence à se
casser la figure, y compris le sexe s'il a ici sa place. Si la
relation résiste, elle pourra se poursuivre quelques temps
quand-même. Quelques temps, c'est-à-dire deux ans.
Il n'y a pas d'autres
explications. Au début c'est souvent
effectivement bien. Ça peut durer deux ans. Et ensuite, avec les encouragements de notre
entourage, nous anéantissons nous-mêmes la relation qui nous est si
précieuse. C'est la triste vérité. A nous de savoir nous corriger
en abandonnant la pensée unique et refusant de continuer à suivre
l'ornière du conformisme imbécile traditionnel.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 10 juin 2013
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