La sexualité telle qu'on
l'entend en parlant des humains n'est pas une donnée scientifique
mais une donnée culturelle. Elle combine l'horreur de la nudité,
l'horreur du plaisir dit « physique » en général
(câlins, caresses, bisous...) et l'horreur du sexe. On peut aussi la
définir comme combinant la gymnophobie, horreur de la nudité,
l'érectophobie, horreur de la vision du pénis en érection, la
vaginophobie, horreur de la vision du sexe féminin, la câlinophobie,
horreur des câlins et la sexophobie, horreur du sexe.
L'érectophobie et la
vaginophobie sont omniprésentes dans les arts figuratifs. Combien de
milliers de pénis masculins apparaissent dénudés dans la statuaire
et la peinture, tous ou pratiquement tous flaccides ! Concernant la
vaginophobie, c'est encore plus flagrant : d'innombrables statues et
peintures montrent des femmes à l'anatomie imaginaire. Une sorte de
bouclier de chair lisse finissant le ventre vers le bas. Le cas le
plus caricatural est celui de la Diane de Houdon, statue en bronze
exposée au musée du Louvre, dont la fente pubienne initialement
présente a été ensuite carrément bouchée !
Un phénomène révélateur
du trouble « sexuel » chez les humains a été baptisé
par Freud : « période de latence ». La sexualité serait
présente chez les tout petits. Puis s'assoupirait jusqu'à
l'adolescence. En fait, l'analyse n'est
pas objective. Le phénomène « de latence » est provoqué.
Il n'est pas naturel.
Au début, les tout
petits n'étant pas encore marqués par la culture de la société où
ils sont né ont des gestes et comportements en conséquence : ils
urinent et défèquent dès qu'ils en ont envie. Arrachent leurs
vêtements et se promènent nus. Se touchent sans se préoccuper du
regard des présents.
On leur apprend avec la
propreté la honte de leurs excréments. On leur inculque la honte de
la nudité, la leur et la vision de celle des autres. On leur
interdit de se toucher et on les sèvre de câlins.
Tout ce dont ils sont
ainsi privé se retrouve incorporé à un impressionnant chapitre aux
contours vagues et flous : la « sexualité ». On y
rattache la reproduction et on croit avoir ainsi défini une notion
scientifique. Bien malin celui qui saurait définir où commence
exactement ladite sexualité ! A moins, bien entendu, de qualifier de
« sexuel » tout et n'importe quoi.
Mais pourquoi un tel
acharnement à condamner et pourchasser la nudité et le plaisir dit
« physique » ?
Pour une très simple
raison : ils sont antinomiques au travail.
Et si cette chasse
commence dès l'enfance, c'est que tout simplement, jadis et durant
des dizaines de milliers d'années les petits enfants travaillaient !
Ce qui est encore le cas dans de nombreux pays pauvres. Dans les pays
plus riches, le travail a été remplacé par l'école, tout autant
opposée à la nudité et aux câlins. C'est une question d'ordre
social.
La répression de la
sexualité est inhérente à l'organisation du travail. La seule
sexualité reconnue comme compatible avec le travail étant le
travail sexuel, c'est-à-dire la prostitution.
Le travail précède les
discours tendant à justifier ses conséquences dans le domaine de la
nudité et des câlins. L'évolution-même des règles sexuelles est
liée à l'évolution de l'organisation du travail en général. Et
d'une manière même très paradoxale : ainsi la polygamie a été
autorisée, encouragée par l'Église en Allemagne à la fin de la
Guerre de Trente Ans car on manquait d'hommes !
Basile, philosophe
naïf, Paris le 28 mai 2013
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