Je vais parler ici d'une
chose qui existe déjà sans avoir d'existence officielle : les amis
en câlins, autrement dit en anglais : hug friends.
On connait tous les fuck
friends. Il s'agit littéralement de compagnon ou compagne de baise.
Une pratique existant dans certains milieux. Quand on
s'ennuie, on n'a rien de spécial de prévu, on contacte un ou une
fuck friend. On se voit juste pour baiser. Puis on se lave, si on est
propre, et on s'en va. En quelque sorte il s'agit de prostitution
réciproque et bénévole. L'acte sexuel est ici totalement banalisé.
Une bonne bière, un coït, un chewing-gum, une pipe, une séance de
cinéma : on est ici dans une dimension purement ludique et
consumériste.
Le hug friend lui ne
pense qu'aux câlins. L'acte sexuel est tout à fait facultatif. S'il
arrive, c'est secondaire. Et le plus souvent il n'arrive pas et n'a
pas à arriver.
Certes, des dragueurs ou
dragueuses pourront croire à un moyen pratique de drague. En fait il
s'agit d'une chose tout à fait différente. Démasqués, ils sont
gentiment proscrits. Leur insistance à vouloir se retrouver en
tête-à-tête, leurs propos un peu bizarres permet de les
identifier.
Les hug friends existent
déjà. Combien de femmes avouent n'accepter l'acte sexuel voulu par
leur compagnon que pour connaître la chaleur de leur bras. Cet acte
est une sorte de péage auquel elles consentent pour accéder aux
câlins.
Quantité de femmes
cherchent à dresser leur compagnon obnubilé par l'acte sexuel. En
quelque sorte, elles le castrent psychologiquement. Cela peut être
extrêmement pénible à vivre pour l'homme ainsi castré.
Cette castration est
amenée progressivement. On connait le célèbre : « pas ce
soir, chéri, j'ai mal à la tête ! » Il est en fait inspiré
par la réalité.
Les hug friends paisibles
et réciproquement consentants vivent une sorte de clandestinité.
Que répondre aux amis qui s'esclaffent et vous charrient à votre arrivée ensemble le matin après avoir dormi et
échangé des câlins ? On ne va pas commencer à tonitruer : « nous,
ça va bien, on ne baise pas, on se fait juste des câlins ! »
Alors on laisse dire. On sourit. On se tait. Et tout l'entourage se
dit, voyant votre mine épanouie : « ils ont bien baisé cette
nuit ! »
La pensée unique
dominante actuelle est prête à entendre les plus grandes
bizarreries sexuelles. Vous pouvez pratiquer mille choses curieuses.
Mais pas l'abstinence avec des câlins. Tout simplement déjà parce
qu'officiellement elle n'existe pas. « Coucher avec quelqu'un »
signifie baiser. Il n'existe pas d'expressions pour dire coucher avec
quelqu'un en se faisant juste des caresses.
La difficulté sémantique
amène à ce que certains disent : « on fait l'amour en se
faisant juste des caresses ».
Mais dire qu'on se fait
juste des câlins est considéré comme la marque d'une déficience,
une faiblesse du « couple ». Baiser est en quelque sorte
l'attestation de la réalité d'une relation sérieuse. Et cette
attestation doit être renouvelée régulièrement. Sinon, le couple
est considéré en crise.
Le monde est fou.
Laissons-le à sa folie. Et occupons-nous de nous-mêmes. A ceux qui
comprennent, comme à ceux qui ne comprennent pas, il est inutile
d'expliquer la vérité de la vie.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 3 mai 2013
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