A Paris, de nos jours, il est courant d'entendre
cette plainte : « de moins en moins de gens
veulent faire du bénévolat ! » Et s'interroger :
« pourquoi cette désaffection ? »
Une raison qui n'est pas
invoquée, est la perversion du bénévolat, très courante
aujourd'hui. On définit un but pour un regroupement associatif
quelconque. Puis, avisant de préférence les adhérents les plus
influençables, on va chercher à leur imposer diverses taches au
détriment de leur vie personnelle, voire professionnelle.
« Comment ? Tu
n'acceptes pas de faire ça ? Mais tu ne veut pas que notre groupe
réussisse ce pourquoi tu y as adhéré ? » fera-t-on remarquer
à l'adhérent rétif. Il a adhéré pour son plaisir. Voilà qu'on
le somme de renoncer à d'autres activités étrangères auxquelles
il tient. Cela au nom du « but » à atteindre auquel il a
souscrit.
Et là on glisse du
bénévolat, où on choisi librement une activité non rétribuée,
au bénévolat « forcé » : le travail non payé.
Celui-ci a un nom : l'esclavage.
Résultat de cette
pratique extrêmement répandue : dès qu'on propose à des gens une
activité quelconque et bénévole, ils ont tendance à prendre la
fuite. Certes, la cause est belle et généreuse, mais je n'ai pas le
temps. Voilà ce qu'on s'entendra très souvent répondre dans un
monde empoisonné par la vulgarisation du bénévolat perverti.
Je le vois même dans un
domaine particulièrement loin de la contrainte : la fête. Car dans
ce domaine aussi on voit des comportements dirigistes et
esclavagistes prospérer : « pour la réussite de la fête,
c'est toi qui te lèveras tôt dimanche pour chercher les bières
pour le bar de la fête ! »
Un responsable de société
carnavalesque et philanthropique de Dunkerque disait il y a quelques
années à mon amie Alexandra et moi : « un président de
société de Carnaval, c'est comme un chef d'entreprise ! »
Résultat, le lendemain de la fête, jour de repos pour lui, on le
voyait retourner sur le site festif balayer, ramasser les canettes et
emporter les poubelles.
Pour moi, le bénévolat
doit rester le bénévolat. Le travail gratuit, c'est non !
Et pour ce qui est
d'organiser une fête, cette activité doit rester agréable et
festive. Sinon, à vouloir forcer les gens, on les fait fuir. Dans le
pire des cas, habitués à la discipline de l'école et du travail,
les bénévoles commencent par se soumettre. Et quelques temps après,
on les cherchent. Ils ne sont plus là.
Dans une association
festive une rivalité s'était manifesté entre deux groupes. Le
groupe A insistait pour une lutte sans merci contre le groupe B,
alors que je lui faisais remarquer qu'il y avait une solution
beaucoup plus simple : s'en aller créer une autre association
festive et laisser le groupe B seul. Rien n'y fit : la lutte déboucha
sur la victoire du groupe A. Mais elle ne fut pas festive et
ressemblait plus au pugilat interne à une organisation politique.
Résultat, les A victorieux et bien fatigués s'éclipsèrent par la
suite. Eux également avaient, dans ces circonstances particulières,
oublié ce qu'était le bénévolat au service d'une agréable cause
festive.
Quand on devient bénévole,
avant d'être au service d'une cause si belle et enthousiasmante
soit-elle, il ne faut jamais oublier que nous sommes d'abord et avant
toutes choses au service de nous-mêmes. Se faire plaisir à soi est aussi notre devoir au même titre que faire plaisir aux autres.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 3 février 2013
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