En octobre 2007, lors de
l'affaire des caisses noires de l'Union des Industries
Métallurgiques et Minières – UIMM, le responsable de cet
organisme patronal français déclara que l'argent abondant de
celles-ci servaient à « fluidifier les relations sociales »,
entendez, donner de l'argent aux dirigeants des syndicats de salariés
pour obtenir leur complaisance.
Suite à ces
déclarations, avec un ensemble remarquable, les médias se
contentèrent de questions comptables et évitèrent soigneusement
d'entrer dans d'intéressants détails. En particulier chercher qui,
comment et pourquoi avait été arrosé financièrement de la sorte
et avec quel résultat.
L'existence de ces
pratiques financières fait comprendre le mécanisme de nombreux
conflits sociaux. Ceux-ci éclatent. Les syndicats prennent la tête
et les encouragent. La pression monte. Et, soudain, les syndicats
sans raison apparente capitulent et démobilisent les salariés en
lutte.
Pourquoi ? Parce qu'après
avoir fait monter les enchères, les dirigeants syndicaux ont touché
leur premier acompte et, en échange, font ce pourquoi ils ont été
payé. Le versement du total a lieu certainement en plusieurs fois.
La dernière intervenant après la fin effective du conflit social.
Qui dit versements, dit
aussi négociations. Un soir de l'automne 2010, j'étais, avec une
amie et sa grande fille, dans un restaurant chinois de l'avenue de la
République à Paris. Nous étions en plein dans la période du très
puissant mouvement de protestations contre la réforme des retraites
qui avait mobilisé beaucoup de monde.
La fille de mon amie
s'exclame soudain : « Mais, c'est Laurence X*** ! »
Je me retourne et voit
effectivement qu'à une table pas loin est assise la patronne des
patrons. Je la reconnaît bien, pour l'avoir vu plus d'une fois
interrogée à la télévision. Elle est en conversation avec une
jeune femme dont je ne vois pas le visage. Chose très étrange,
Laurence est habillée avec des vêtements quelconques qui font
« peuple ». On dirait qu'elle s'est déguisée pour
passer inaperçue.
Nous commençons tous les
trois à l'observer peu discrètement. Laurence, qui s'en aperçoit,
paraît furieuse d'avoir été reconnue. Elle abrège sa soirée au
restaurant. Quand elle le quitte, le personnel la traite visiblement
en habituée.
Durant plus de deux ans,
je n'ai pas trouvé d'explication à cette scène où la riche Madame X*** se déguise en pauvre pour rencontrer quelqu'un dans un
restaurant certes de bonne qualité, mais pas du tout de grand
standing.
L'explication que j'ai
finalement trouvé est celle-ci : la patronne des patrons était en
conversation avec une personne de confiance de la direction d'une
confédération syndicale nationale de salariés. La Bourse du
Travail étant d'ailleurs à deux pas. Quand on envoie une personne
de confiance qu'on veut discrète, c'est souvent une femme plutôt
qu'un homme.
Ce soir-là, mon amie, sa
fille et moi, avons accidentellement assisté à un moment de la
négociation de la liquidation du mouvement contre la réforme des
retraites. Elle portait sûrement sur la façon de « fluidifier »
les relations sociales. Elle a abouti peu de semaines après. Le
mouvement de protestation a été liquidé par les directions
confédérales syndicales nationales de salariés et la réforme des
retraites voulue par Nicolas Sarkozy et Éric Woerth a été mise en
application.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 3 janvier 2013
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