« Comme le temps
passe vite ! Mon Dieu ! Tu te rends compte, ça s'est passé il y a
un an (ou plus) et j'ai l'impression que ça vient juste d'arriver
! » Ce genre de pensée est totalement inutile, ne sert qu'à
se déprimer et est tout simplement à bannir absolument.
Pensée angoissante avant
une tache à accomplir : on fait « son cinéma ». Exemple
: « je dois aller en province chercher un ami malade pour le
ramener à Paris se faire soigner. Mais j'ignore s'il acceptera de me
suivre, si je serais assez convainquant. » Et, à partir de là,
je déroule tout un tas de scénarios terribles et angoissants. Il ne
me suit pas. Je rentre à Paris. Il est toujours malade, son état
s'aggrave, il meurt. Ou bien, je vais le chercher et il refuse de
venir. Il hurle, etc. Et voilà comment, avant même d'avoir quitté
Paris, je commence à imaginer et passer en revue une galerie de
scénarios tous plus angoissants les uns que les autres... stop !!!
Il faut se borner à penser : « je vais aller chercher cet ami.
J'espère qu'il acceptera de m'accompagner pour se faire soigner. Et
c'est tout. On verra sur place comment ça va se passer. Je ferais
mon possible pour réussir et... pensons à autre chose en
attendant. »
Si je ne gendarme pas ici
ma pensée de la sorte, avant même d'avoir pris le chemin de la
province, j'aurais déjà vécu l'échec en pensées quinze fois.
Pensée apparemment
positive : « je vais aller voir un ami, ça va très bien se
passer, on passera une soirée formidable, etc. » Je déroule
en rêve ce qui va arriver. Oui, mais, si ça ne se passe pas comme
prévu, de manière inexplicablement forte, je vais déprimer.
Pourquoi ? Parce que, même sans le réaliser consciemment
clairement, j'aurais vu s'effondrer mon rêve. Il ne faut pas
imaginer d'avance les bonnes choses, mais attendre de les vivre en
faisant ce qu'il faut pour y arriver. Les imaginer par avance, les
vivre en pensées, nous fait mal ensuite, même pour des choses
minuscules, quand elles n'arrivent pas ou se passent moins bien que
prévu. Par exemple, si vous appeler au téléphone un ami, et vous
vous dites : « je vais parler avec lui dans un instant »
et qu'il n'est pas là, vous serez bien plus triste que si vous vous
dites exactement : « j'ai envie de parler à cet ami, je
l'appelle et verrais bien s'il va décrocher ».
S'inventer des
obligations. C'est un classique de la pensée déprimante à éviter.
On projette une série de choses qu'on va faire aujourd'hui, demain,
cette semaine, ce mois-ci, etc. Puis, on court après leur
réalisation et on s'énerve et on est déçu de ne pas avoir réalisé
telle ou telle chose, qu'on peut très bien ne pas faire ou faire à
un autre moment.
Un ami détournait cette
forme de pensée déprimante en son contraire : faites-vous une liste
de choses à faire, disait-il. Puis, rayez dans cette liste ce que
vous pouvez faire à un autre moment. Ainsi, vous vous donnerez du
temps libre pour le reste et vous sentirez moins sous pression.
S'inventer des amis :
vous connaissez X, Y ou Z ? Ce ne sont pas de mauvais bougres, mais
ce sont juste des connaissances. Vous pensez à eux comme à des
amis, qui, un beau jour, ne se comportent pas ainsi. Car en fait, X,
Y, Z ne pensent pas particulièrement à vous. Vous en souffrez.
Évitez d'imaginer de tels liens proches et imaginaires permet
d'éviter beaucoup de déceptions.
S'inventer des dieux.
Croire que tel ou tel individu est absolument hors du commun.
Personne n'est plus qu'un être humain, avec ses défauts possibles
et ses obligations.
Faire sien des sentiments
qui ne sont pas les vôtres. A un enterrement d'une personne proche,
j'allais aussi bien qu'il est possible en pareille circonstance.
J'avise quelqu'un qui ne dit rien, et à l'air très déprimé.
« Quelles peuvent bien être ses pensées ? » me dis-je
et je me retrouve cassé moralement à l'idée de la souffrance des
autres. Ça n'a aucune utilité. Votre peine suffit largement. Évitez
de rajouter dans votre tête celle des autres. Vous vivez votre vie,
pas celle des autres.
Les médias sont
spécialisées dans l'art de vous confisquer vos sentiments.
Arrive-t-il une catastrophe quelque part ? On va vous jeter à la
figure le spectacle de victimes en pleurs. On donnera des détails
pour vous déprimer plus encore : « la victime était
française, mariée, trois enfants en bas âge, aimée de ses
voisins »... Ça suffit ! On sait très bien que c'est triste,
un meurtre, un accident, une guerre, un tremblement de terre... mais
pourquoi se laisser envahir par le désespoir des autres ? On
compatit, on est humain, mais ça servira à quoi d'augmenter le
malheur existant en le faisant sien alors qu'objectivement ce n'est
pas le vôtre ? Et si demain vous vous cassez une jambe, croyez-vous
que les personnes que vous voyez pleurer à l'autre bout du monde sur
votre écran de télévision à l'heure du journal télévisé, se
sentiront concernées par ce qui vous arrive ?
Et pourquoi on cherche à
vous faire pleurer ? Pour vendre de « l'information » et,
bien souvent aussi, vous faire penser à autre chose qu'à ce qui
vous concerne et sur quoi vous pouvez agir en dérangeant les
« grands » de ce monde qui manipulent les médias.
Quand une guerre ou une
catastrophe ou un accident ou un meurtre a lieu quelque part, je sais
que c'est extrêmement triste, je compatis aux victimes, souhaite que
ça aille le mieux possible... mais quand on me met sous les yeux le
détail au jour le jour de toutes ces choses horribles, je ne les
regarde pas et ne lis pas ce qui est écrit là-dessus. Parce que ça
ne m'apporte rien et que j'ai le droit de disposer de ma pensée, mes
émotions. Et que ma pensée, mon cœur ne sont pas la propriété
d'individus intéressés qui tirent les ficelles des médias.
Les journalistes qui
déversent à pleins tonneaux des informations tragiques et
déprimantes dans les médias, qui n'ont pas d'autres résultats
qu'enfoncer le moral des gens, pensent-ils au mal qu'ils font en
déprimant encore plus des gens déjà malheureux ? Si quelqu'un est
déprimé, ouvre sa radio et n'entends que des informations tragiques
et sinistres brossées en long en large et en travers, quel résultat
cela va-t-il avoir ? Cela, les journalistes deverseurs ne s'en
préoccupent nullement. J'ai parlé un jour avec un sympathique
journaliste parisien qui revenait de province après avoir « mis
en boîte » un « sujet » particulièrement tragique
: une promenade en mer qui avait tourné au drame et couté la vie à
plusieurs membres d'une même famille. Il était joyeux et content.
Il avait réussi un bon boulot bien sympa avec une équipe de
tournage agréable. Il avait même très bien mangé dans un
restaurant en bord de mer. Et, bien sûr, il avait été payé pour
son excellent travail !
Quant à ce que les
téléspectateurs avaient ressenti en regardant ses images, il n'y
pensait même pas. Il avait fait et bien fait son métier, c'est
tout.
Quand on annonce de
telles images à la télévision, je regarde à côté de l'écran,
change de chaîne ou ferme le téléviseur. Je ferme aussi ou change
de chaîne quand un film est violent.
C'est une question
d'hygiène mentale.
Dernier exemple de pensée
négative : quand vous craignez un ennui, voir partout les signes
avants coureurs de celui-ci. Celui qui vole une montre croit que tout
le monde le suit pour l'arrêter, alors qu'il est entouré de
promeneurs qui ne se doutent de rien et pensent tout à fait à autre
chose. C'est un exemple limite qu'il faut savoir adapter à des
situations nettement plus paisibles.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 8 novembre 2012
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