Une jeune et belle femme
Marche dans la rue des Thermopyles.
Elle me dépasse et offre à ma vue,
Ou plutôt ma vue est attirée
Par deux rotondités jumelles
Offertes à mon regard,
Caresses des yeux,
Beauté inimitable de la Nature !
L’œuvre du poète le plus valeureux
N'est qu'un gribouillis de taches d'encre
Projeté par un cancre
Sur une feuille de mauvais papier
Comparée à l’œuvre de Dieu !
Dans la Grande galerie du musée du Louvre,
Aux murs grouillants de chefs d’œuvres de la peinture,
Que valent ces morceaux de toile
Et ces bouts de bois
Barbouillés de couleurs
Comparée à la beauté simple
Et naturelle
D'une jolie fille qui leur passe devant
Rien ! Ou presque pratiquement rien.
Un célèbre codex de Léonard de Vinci
Vit ses premières pages utilisées
Pour emballer des harengs.
On s'étonne, on s'indigne,
Mais pourquoi ne parle-t-on jamais
De la beauté de celle qui les emballait ainsi ?
Ni du bon goût des harengs ?
Et, à tout prendre,
Préférez-vous emporter naufragé
Une caisse de harengs
Ou un manuscrit de Léonard de Vinci ?
Mais pourquoi peut-on dire à une femme
Inconnue ou peu connue,
Qu'elle a un joli visage,
Une belle allure,
Une harmonieuse chevelure,
De belles mains,
Une belle présence,
Mais pourquoi on ne peut pas lui dire,
Sans paraître louche, lourd, obscène
Qu'elle a de très jolis seins
Ou un très beau
Représentant
De la dix-septième lettre de l'alphabet,
Qui fait huit points au scrabble ?
Un jour d'été, il y a des année,
Dans une fête en Savoie,
Mon regard fut attiré
Par une jeune et très jolie femme.
Le bas de son corps
Était revêtu d'un collant,
Il était en laine grise
Et moulait parfaitement et soulignait
une partie de son anatomie
Que je ne nommerais pas ici.
Le grand peintre Gustave Courbet
Aurait été enchanté
De vous avoir comme modèle
Pour son célèbre tableau L'origine du monde.
Vous me voyez apostropher ainsi
Une dame que je ne connais pas ?
Qui plus est, devant un proche,
Frère, amant ou fiancé ?
Bien sûr que non, c'est évident !
Mais quand enfin prendra fin
Toute cette hypocrisie ?
Enfin, pour finir sur une note savoureuse :
Il y a plus de quarante ans,
Un gardien me l'a raconté,
Un groupe de joyeux gardiens du Louvre
Réveillonnait le soir de Noël
Dans la salle des Rubens et des Van Dick,
Quand,
malencontreusement réchauffée fermée,
Une boite de cassoulet explose
Maculant de sauce, haricots blancs et charcutailles
Les chefs d’œuvres présents,
Qui assistaient aux agapes
Sans pouvoir y participer.
Vite ! Armés de torchons et de mouchoirs,
Les gardiens effacent les dégâts.
Une saucisse est récupérée
En haut d'un grand et très beau cadre doré.
Les conservateurs du musée
N'en ont rien su.
Je propose que cette salle
Soit rebaptisée
Salle du cassoulet
Ou
Salle de la saucisse perdue.
Ne trouvez-vous pas
Ce nom bien savoureux ?
Basile philosophe naïf
Paris, le 8 juillet 2021
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