Durant des dizaines de
milliers d'années, ignorant l'ovulation, les hommes se sont
attribués le rôle actif et dominateur dans la reproduction humaine.
Ce faisant ils ont entrepris de nier à la femme la dignité d'être
humain à part entière. C'était juste de la terre où l'homme
jetait sa semence. Ce mépris de la femme marque toujours aujourd'hui
notre société. Par exemple, en France, le salaire moyen d'une femme
est inférieur de 26 % à celui d'un homme pour le même travail.
Seules 5 % des rues en France portent le nom d'une femme. Au premier
tour des dernières élections présidentielles il y avait en tout
neuf candidats hommes et deux candidates femmes. Personne ne s'en est
étonné.
La femme depuis de très
nombreux siècles est considérée par la majorité des hommes comme
n'étant pas humaine mais sous-humaine, comme de la terre. Alors elle
devient incompréhensible, injuste, imprévisible, mystérieuse et
dangereuse. L'homme la voit comme sa propriété rétive et
désobéissante ou plus exactement comme appartenant à un homme
donné : époux, frère, père ou grand père. Elle sera
opprimée, battue, terrorisée. On l'accusera d'être mauvaise et
tentatrice. Si elle est infidèle, on la tue. Si un homme tue une
femme on tâchera de trouver des excuses à l'assassin.
Mon père m'a dit que en
France jusque dans les années 1920 il était courant qu'un homme
coupable d'un crime dit « passionnel » soit acquitté aux
applaudissements du public. L'argument employé par son avocat pour
justifier et absoudre son geste meurtrier était : « il
l'aimait trop ! » Et puis un beau jour le public d'un
procès pour crime dit « passionnel », prêt à applaudir
l'acquittement, a été très surpris et déçu de voir l'accusé
condamné à trois ans de prison.
Il y a quinze ans un
artiste connu a tué sa compagne à coups de poings. Il a passé
ensuite en tout trois années en prison pour ce meurtre. Tandis qu'un
gars que j'ai croisé un jour m'a dit avoir passé dix années
derrière les barreaux pour avoir tué un homme lors d'une rixe dans
un bar. Quand on compare le traitement de l'un et l'autre homme, on
reste plutôt étonné.
Dans le droit romain antique tant vanté encore de nos jours, c'était beaucoup plus simple : le mari avait le droit de tuer sa femme.
On prétendra la femme
plus sentimentale et exclusive que l'homme qui aurait
« d’irrésistibles besoins ». On dit d'une femme qui a
des aventures qu'elle est « légère », voire que c'est
« une pute ». Un homme qui fait pareil n'est pas un homme
« léger » ou « un putet ». C'est « un
bon vivant »...
Derrière toutes ces
bizarreries et ces discriminations sexuelles se profile toujours
l'ombre du passé. Quand la femme a été prétendument réduite à
de la terre passive et l'homme a été considéré comme semeur
actif. La femme qui ainsi n'est rien et l'homme qui est tout.
La prétention masculine
à contrôler le ventre des femmes s'exprime notamment dans le
domaine des lois, décidées majoritairement par des hommes, et dans
celui des règles morales, édictées également majoritairement par
des hommes. La sexualisation à outrance de nombre de domaines ainsi
prétendument dévolus au coït, conduit à des caricatures de
sentiments, relations, discours, comportements. L'état de Nature
est décrété sexuel et « la nudité » de ce fait
proclamée être une forme d'appel au coït. Cette situation
ridicule, odieuse et insupportable amène une bizarrerie. Les revues
naturistes sont truffées de discours cherchant à justifier le vivre
nu. Alors qu'il appartiendrait plutôt aux « textiles »
de tenter de justifier leurs pratiques bizarres. Plus un « vêtement
de bain » est microscopique, plus il souligne ce qu'il prétend
dissimuler. La « pudeur » est un masque qu'adore prendre
le machisme, qui prétend dominer les femmes pour les « protéger ».
La pudeur sert souvent de protection à la vulgarité et au mépris
des femmes.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 3 février 2018
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