« Ce qui est
terrible, c'est que, depuis quelques années, ce sont surtout des
enfants et des adolescents qui balancent des obscénités aux femmes
et aux jeunes filles. » déclare Nadia, une Marocaine
quadragénaire de Casablanca interrogée par Floriane Valdayron dans
le Nouvel Obs du 18 août 2017. Où trouvent-ils leur inspiration ?
La réponse qui n'est pas donnée dans l'article est évidente :
sur Internet. À
partir de quel âge les enfants accèdent-ils à la pornographie, la
vulgarité et l'obscénité présentes abondamment sur la toile ?
Dès qu'ils savent utiliser Internet, soit dès l'âge de sept, huit
ans ou moins. Et qui les en empêcherait ? Arrivé sur un site
porno on trouve, et pas toujours, un avertissement : « si
vous avez moins de 18 ans cliquez à droite et sortez, sinon entrez
en cliquant à gauche ». C'est aussi simple que ça.
L'éducation sexuelle d'aujourd'hui est faite pour une immense quantité de jeunes par les sites Internet pornos. De temps en temps on entend des voix protester contre cette situation. Mais comment agir ? C'est impossible, les sites incriminés sont situés un peu partout dans le monde, se dupliquent. En fait, il faudrait répondre à cet envahissement pornographique par un discours adressé à la jeunesse et prônant une sexualité saine et respectueuse de soi et des autres. Mais qui s'en chargerait ? Personne. Et dès qu'on aborde le sujet, on voit des personnes qui affirment vouloir faire quelque chose se déchirer. Le porno, lui, continue sa route et engrange les profits financiers gigantesques qui sont sa raison d'être.
Les tenants du respect de soi et des autres se révèlent incapable de faire quelque chose. D'autant plus qu'ils ne sont pas en mesure de tenir un discours critique de la pornographie. Celle-ci est vue par les enfants et les très jeunes en leur absence. Et la regarder avec eux y compris pour la critiquer est un délit. On invoque aussi le contrôle des ordinateurs des enfants par leurs parents. Le « contrôle parental », autrement dit la censure des adultes, est plein de trous. Il y a de plus en plus d'appareils permettant de consulter Internet.
Et puis est-ce si sûr que protéger la jeunesse contre l'influence de la pornographie préoccupe tous ceux que ce problème devrait préoccuper ? Il existe en France tout un arsenal législatif interdisant les relations sexuelles entre personnes majeures et personnes mineures de moins de quinze ans. Il y a quarante ans tout juste deux pétitions réclamèrent son abolition. La seconde réclamait l'abrogation ou la profonde modification des lois « dans le sens d'une reconnaissance du droit de l'enfant et de l'adolescent à entretenir des relations avec des personnes de son choix. » Comprenez « relations » par relations sexuelles et « personnes de son choix » personnes majeures. En clair elle revendiquait, au nom des enfants et adolescents, le droit pour les grandes personnes de faire avec eux bien des choses présentement prohibées. Ces pétitions furent signées par quantité de personnes illustres dont des médecins, des philosophes et des thérapeutes.
Ces lois sont certainement imparfaites, mais leur abrogation pure et simple risquerait fort au nom de la « liberté » de favoriser quantité de choses extrêmement antipathiques. C'est en tous les cas mon impression. Et bien sûr ce ne serait pas bien. « Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! » La liberté d'expression sert au marché de la pornographie. La pornographie n'est pas un crime, mais cause beaucoup de désordres dans les têtes des jeunes et des moins jeunes. Et ceux qui au fond souhaiteraient voir abroger les lois prohibant les rapports sexuels entre enfants ou adolescents et adultes ne risquent guère de prendre des initiatives contre l'influence chaque jour plus grande de la pornographie. Les grands perdants étant l'amour, la tendresse, la communication et la paix.
Et personne ne fait un lien entre le harcèlement de rues, la violence contre les femmes, la violence et la vulgarité sexuelle en général et la pornographie qui l'encourage très largement.
Basile,
philosophe naïf, Paris le 19 août 2017
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