Il me semble que le
patriarcat a des origines instinctuelles, c'est à dire provenant de
l'instinct humain originel, contrarié par des acquis culturels.
A l'origine, les humains
ignorent le caractère universel et inéluctable de ce que nous
appelons souvent « la fin de vie ». Découvrir cette loi
de la Nature va de front contre l'instinct de conservation. Elle crée
un sentiment d'insécurité universelle. Or, la réponse naturelle
spontanée à un péril est de multiplier les accouplements, afin
d'assurer la pérennisation de l'espèce. Cette réaction
expliquerait la frénésie coïtale qu'on rencontre chez de très
nombreux hommes. Ils vont harceler les femmes de manière pénible et
insupportable, pouvant aller jusqu'au viol, crime très répandu.
Cette frénésie coïtale
va non seulement déranger voire empêcher la relation entre l'homme
et la femme, mais elle va aussi isoler, diviser, opposer et
détendressiser de très nombreux hommes. « Détendressiser »,
c'est à dire faire de ces hommes des êtres incapable de tendresse et
recherchant obsessionnellement le coït.
L'hypersexualisation engendrée par ce comportement rendra également très souvent hypothétique et impossible la chaleureuse camaraderie et la tendresse entre hommes, à moins de se sentir homosexuel. Dans notre société, souvent seuls les mourants et les footballeurs venant de marquer un but dans un match auront droit à des câlins masculins. Sinon rien.
Le trouble de la
sexualité fera que tout ce qui semble de près ou de loin relever du
sexe deviendra louche, suspect, sale, douteux. L'étymologie du mot
« masturbation » est éloquente à ce propos. Le mot
vient du latin manustuprare : se salir la main. Donc, par
définition, cette activité est sale.
Les hommes sont mortels,
donc les mères ont trahit, tel est le raisonnement qui serait sensé
donner une base au patriarcat... À
partir du moment où les femmes sont « coupables » de ne
pas enfanter des garçons immortels, elles deviennent des individus
de seconde zone, à surveiller, contrôler, exploiter. De là vient
la non reconnaissance du travail féminin, maternel, domestique ou
autre.
Enfin, les hommes apeurés
seront effrayés par le sang que perdent inexplicablement toutes les
femmes si elles sont fécondes et ne sont pas enceintes. Les règles
toutes les vingt-huit jours ont suscité de tous temps la terreur
chez les hommes. L'origine et la raison des règles n'est connue des
humains que depuis le milieu des années 1840. Durant des millénaires
et encore dans nombre d'endroits aujourd'hui, la femme qui a ses
règles est supposée être « impure ». Elle fait tourner
le lait ou le jambon, etc. Autant de frayeurs antiques devant le sang
menstruel, qui témoignent une fois de plus de la volonté
patriarcale de culpabiliser et rejeter les femmes.
Face au patriarcat il
importe de réagir, dans l'intérêt des femmes comme dans celui des
hommes. On ne peut pas se limiter à des dénonciations morales, des
efforts éducatifs, des progrès juridiques, des actions
sensationnelles. Il faut poser deux problèmes : celui du
dérangement sexuel masculin auquel il faut savoir donner une
réponse. Et il faut surtout, reconnaissant le caractère structuré
du patriarcat, lui opposer une réponse structurée et collective des
femmes. Quand on prétend organiser une riposte au patriarcat avec
les femmes ensemble avec les hommes, on se retrouve bien vite avec un
mouvement où les hommes dominent le débat et dirigent... C'est
pourquoi les femmes doivent s'organiser aussi entre elles, et par
leur contre-pouvoir influencer le pouvoir fallacieusement mixte,
neutre, asexué, mais en fait patriarcal et masculin régnant. Cette
démarche pourrait passer par la création d'assemblées féminines
locales. Et aussi d'assemblées à des niveaux plus généraux, comme
je l'ai esquissé dans mon « Appel aux femmes » en date
du 21 avril 2017.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 1er juin 2017
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