Apprendre une langue
étrangère apparaît généralement comme un travail long,
difficile, ardu, laborieux. Pourtant, on voit les petits enfants
apprendre avec facilités plusieurs langues à la fois. Et on
rencontre à l'occasion des personnes qui apprennent des langues très
vite et en parle dix ou douze. Et ce ne sont pas forcément des
personnes cultivées. Comment font-elles, comment expliquer ce
mystère ?
Il s'agit de la facilité
d'accès à la pensée non verbalisée. Prenons un exemple simple :
« chat » se dit en français : chat, en allemand : katze,
en anglais : cat, en japonais : neko, en roumain : pissic, etc.
Mais ce que ces mots en
diverses langues désignent existe indépendamment d'eux. Si le chat
existe, il n'a pas besoin de s'appeler chat. Nous pouvons connaître
le chat, l'espèce chat, l'idée chat, sans avoir pour autant besoin
et connaissance de l'existence du mot chat...
Un enfant découvre un
jour et pour la première fois de sa vie un chat. Il le voit. Il
acquiert l'idée chat. Sur le coup, par la suite, ou parfois avant, on lui apprend
le mot chat.
Il associe alors le chat,
l'idée chat avec le mot chat.
Mais, admettons que sa
maman soit par exemple Anglaise ou Australienne et son papa Français,
Québécois ou Wallon. Que les deux parlent anglais et français et
souhaitent que leur enfant soit bilingue. Quand il verra un chat pour
la première fois, ses parents lui diront : « cet animal
s'appelle chat en français et cat en anglais ».
Et l'enfant apprendra
facilement les deux mots, parce que sa conscience sera vierge, pas
habitué à penser en français ou en anglais. L'idée chat sera
vivante et précédera le mot chat ou cat.
Quand les années
passent, nous nous habituons à l'association de l'objet, l'idée de
l'objet et le mot lui correspondant dans une langue donnée. Ainsi,
ayant appris un jour que l'objet chat, l'idée chat correspondent au
mot chat, nous aurons du mal un jour à apprendre et retenir que le
chat s'appelle aussi, par exemple, neko. Si nous sommes adulte et
Français et étudions le japonais, entre l'objet chat, l'idée chat
et le mot neko, va s'interposer le mot chat en français. Il faudra
faire un effort... A moins que nous ayons une disposition d'esprit,
une fraicheur qui fait que nous considérions le chat sans l'associer
d'emblée au mot chat. Que nous le regardons avec des yeux
d'enfant. Et alors, nous apprendrons les langues aussi facilement
et rapidement que quand nous étions enfant.
La langue est un outil,
mais aussi une limite de la pensée, une entrave.
Pour apprendre dix,
douze, quinze, vingt langues, il faut complétement repenser notre
mode d'apprentissage. Il faut, si c'est possible, par des exercices,
parvenir à retrouver notre fraicheur de pensée et perception
enfantine.
Et alors, nous
apprendrons dix, douze, quinze, vingt langues sans difficultés.
Comme le font certaines personnes qui, spontanément, ont conservé
leur fraicheur enfantine pour aborder l'étude des langues. Cette
recherche de la fraicheur de la pensée pourrait également donner
lieu à améliorer les méthodes d'apprentissage dans d'autres
domaines que les langues. Et aussi à aider à retrouver la
créativité enfantine stérilisée bien souvent par la suite. Tous
les enfants sont des artistes, des peintres et des poètes. Il faut
aider l'albatros enfantin a retrouver adulte ses ailes ankylosées,
son enthousiasme et sa joie oubliés.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 24 décembre 2014
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