J'ai la plus profonde
horreur et le plus profond dégoût pour la guerre, l'alcoolisme et
la prostitution.
Ce qui ne m'empêche pas,
sans-doute contradictoirement aux yeux de certains, d'éprouver le
plus profond respect pour les militaires, les viticulteurs, les
cavistes, les œnologues et les prostitués.
A présent vient d'être
lancé un faux débat en France pour ou contre « l'abolition »
de la prostitution.
Faux débat au regard des
arguments démagogiques brandis. On prétend liquider un fléau
antique avec une loi et des clameurs approbatives.
Peut-on abolir la guerre
ou l'alcoolisme ?
La guerre a déjà été
mise « hors la loi ». On sait avec quelle efficacité, ou
plutôt inefficacité.
La prohibition du fléau
de l'alcool a été édictée aux États-Unis. On connait quel en fut
le résultat déplorable. Et pourquoi on a fini par y renoncer.
A présent, on nous
rejoue la même partition avec la prostitution. On prétend
« l'abolir ». Abolissons, tant qu'on y est, l'avarice,
l'égoïsme, l'indifférence. Si ! Si ! Vite « une loi »
! Croyez-vous que celle-ci règlera le problème ?
Comment ? Vous êtes
contre une loi interdisant l'avarice, l'égoïsme et l'indifférence
?
Vous seriez donc pour ces
fléaux ? Monstres que vous êtes !
Remarquons le caractère
putophobe et sexiste des abolitionnistes :
A leurs yeux, les
prostituées seraient toutes prostituées de force. Celles et ceux
qui se prostituent et affirment le contraire et même s'organisent en
syndicats n'auraient pas leur mot à dire.
Mais s'il est considéré
comme un libre et honorable choix possible de vendre des armes,
c'est-à-dire la mort, vendre ou plutôt louer son cul ne serait pas
possible ? Et pour quelle raison les abolitionnistes font comme si
seules des femmes se prostituent ? Il y a aussi des hommes qui se
prostituent. Et qui ont des clientes. Pourquoi ainsi ignorer
volontairement la réalité ?
Quelles sont les
principales causes qui amènent des personnes à se prostituer ? La
misère, l'exploitation, le chômage, la précarité, l'inflation,
que notre cher gouvernement « abolitionniste » encourage
à fond les manettes avec une masse de mesures antisociales horribles
et catastrophiques
Alors, d'un côté il
alimente la prostitution. De l'autre il fait des discours contre.
Quelle hypocrisie !
La première mesure
contre la prostitution est de donner à tous la possibilité
d'accéder à des conditions de vie décente. La politique
d'austérité s'y oppose. Le grand pourvoyeur de la prostitution,
c'est le capitalisme. Nos gouvernants sont à son service. Et
aujourd'hui, plutôt que renoncer à cette politique économique
mortifère, pour faire les jolis ils nous ressortent le vieux débat
pour ou contre la prostitution. Sans aller au fond des choses. Et en
prenant la pose. En prétendant défendre les femmes, après avoir
expulsé Leonarda Dibrani, sa mère et ses sœurs, qui sont des
femmes. Et en général accentué la misère sociale qui frappe
d'abord les femmes.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 27 novembre 2013
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