Notre cher président de
la République me fait penser aujourd'hui à un gamin de sept ans
qu'on aurait placé aux commandes d'un sous-marin nucléaire au
milieu de l'océan. Il se sent débordé par ses responsabilités. Ne
sachant trop comment agir, que faire, où se diriger, il s'en remet
aux conseils de l'équipage : le commandant en second Manuel Valls,
le maître d'équipage Jean-Marc Ayrault, l'officier mécanicien
Arnaud Montebourg, l'économe Pierre Moscovici, etc. C'est une belle
cacophonie. Et voilà que soudain surgit droit devant une immense
mine sous-marine marquée : « mouvement lycéen ». C'est
la panique à bord ! Les uns disent de reculer, les autres d'avancer,
les troisièmes de ralentir, les quatrièmes d’accélérer. Bref,
personne ne sait où il va. La seule chose certaine est que la mine
se rapproche, de plus en plus menaçante.
Alors, pour conjurer le
danger, on invective la mine : ce sont des feignants irresponsables et
manipulés, ces lycéens qui menacent l'état ! Et puis, on se
déchaîne contre Leonarda et sa famille. Le père a menti pour
donner plus de chances à lui et sa famille de se voir accorder
l'asile politique en France. Qu'auriez-vous fait à sa place ? La
fille a été effrontée, mal élevée, etc. en répondant à
l'allocution de notre cher président. Mais, quels propos auriez-vous
tenu à sa place ? Un bon sujet de rédaction pour le baccalauréat.
Si le président avait
vraiment souhaité inviter Leonarda à poursuivre seule en France sa
scolarité, pourquoi n'a-t-il pas dépêché un diplomate ou deux
auprès de sa famille pour négocier l'affaire ? Le problème, c'est
qu'en fait son allocution télévisée où il paraissait s'adresser à
Leonarda s'adressait à la masse grondante des lycéens en colère.
Un internaute écrivait
hier ou avant-hier parlant de la crise lycéenne : « heureusement
on n'est pas au printemps. »
Tout le monde pense à
mai 1968. La crise a débuté par un événement symbolique :
l'occupation de la Sorbonne par la police. Les bagarres qui ont suivi
aussitôt au quartier latin amènent la condamnation immédiate à la
prison d'une poignée de manifestants étudiants. Les manifestations
se poursuivent alors, exigeant de « libérer la Sorbonne »
et aussi les emprisonnés. On connait la suite.
Au paroxysme de la crise,
quand il y a dix millions de grévistes, le chef de l'état prend la
fuite à Baden Baden. Là-bas, un officier supérieur de
parachutistes lui remonte le moral. Gonflé à bloc, le chef de
l'état retourne en France, rassemble ses partisans, dissout
l'assemblée nationale. Et, avec l'aide des syndicats, termine la
crise politique et sociale.
A présent, imaginons que
le chef de l'état en 1968 n'aurait pas été De Gaulle mais François
Hollande... Bon, j'arrête la comparaison. On dira que je fais de la
politique. A propos, le 5 novembre prochain, c'est la rentrée des
lycées. C'est vrai que nous sommes en hiver. Le 9 novembre c'est le
97ème anniversaire de la Révolution d'Octobre 1917 en Russie.
Comment sera-t-il fêté en France ? Le compte à rebours a déjà
commencé.
On en est à 18 000
expulsions en 2013 en France. Leonarda et Khatchik sont devenus les
symboles du choix entre le pragmatisme étatique et l'amour du
prochain. C'est pourquoi ils ont pris tant d'importance. Les lycéens
reprendront leur mouvement à la rentrée. Le président, de son
côté, ne veut ni avancer, ni reculer. Indécis, il attend que le
ciel lui tombe sur la tête. En ce moment, il doit regretter le temps
où il était seulement maire de Tulle et président du Conseil
général de la Corrèze. Mais l'ambition perd les hommes et égare
les peuples. L'amour du pouvoir s'oppose au pouvoir de l'amour. Au
nom « du réalisme », on va refuser d'aimer son prochain.
Et on est puni en retour.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 22 octobre 2013
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