Quand arrive le sevrage
tactile, le petit singe humain subit un traumatisme très grave et
profond. Au point qu'on peut parler d'un avant et un après ce
sevrage. C'est comme une fracture. La fracture tactile est une cause
majeure, sinon la cause majeure, des troubles sociétaux chez les
humains.
Au moment de la fracture
et suite immédiate de celle-ci, le petit singe humain ressent une
intense souffrance, une sensation d'abandon, d'incompréhension complète, ou presque, de ce qui lui arrive. La blessure ouverte ne se
referme jamais. Et se cicatrise très mal. Prête à se rouvrir.
Le sentiment de mort
vient de ce moment-là : négation de soi, solitude, absence
d'avenir. La violence du choc génère à plus ou moins long terme
des envies de violences contre les autres ou contre soi : suicide,
automutilation, agressions, crimes passionnels, incompréhension de
la vie.
Son malaise, le petit
singe humain est dans l'incapacité de l'exprimer clairement. Car
autour de lui, ses modèles adultes sont déjà et bien avant lui
castrés tactilement. S'il veut devenir « grand », plaire
aux « grandes personnes », il doit se couler dans le moule
de tortures de la vie non tactile.
Privé de câlins, le
petit singe humain va idéaliser l'« amour », le
« mariage », le « sexe ». Croyant trouver
dans ces fétiches la réponse positive à ses angoisses causées par
la castration tactile. Il en vient à refuser les caresses pour « ne
plus être un bébé ». Un peu comme l'enfant en colère qui
refuse de manger son dessert pour punir ses parents. Et en fait se
punit lui-même.
Le singe humain cherchant
le « sésame ouvre-toi » d'une vie supportable pourra se
réfugier dans l'accumulation de l'argent. L'argent, ce produit
magique avec lequel les grandes personnes donnent l'illusion de
pouvoir rigoureusement tout se procurer y compris le « bonheur ».
Il pourra aussi se réfugier dans des illusions comme suivre « la
mode ». En espérant que par une mystérieuse magie, cette
agitation vide, d'origine et à but commercial, permettra d'accéder
au bonheur rêvé.
La scission intérieure
causée par la castration tactile a conduit à l'invention de la
séparation artificielle entre la chair et l'esprit, le corps et
l'âme. Alors que l'être humain vivant est un, uni.
La sexualité a été
hypertrophiée. On a été jusqu'à inventer des théories qui font
du « sexe », c'est-à-dire de la copulation, la base de
tout le comportement humain. Alors qu'à sa base on trouve en fait la
recherche de câlins, sans finalité sexuelle, c'est-à-dire d'accouplements. Le
besoin d'accouplements existant aussi. Mais lui étant totalement
subordonné.
Le souvenir vague de
l'avant castration tactile a amené la naissance de mythes tels que
celui de « l'âge d'or », de « la société
idéale », du « paradis sur terre » ou « au
ciel ». Ce qui ne signifie pas que l'on ne peut pas améliorer
la société. Ni que le paradis existe ou non.
La tactilité subit un
pourrissement causé par l’hyper-sexualisation. Par exemple quand une
jeune fille rêve de câlins. Et ne rencontre que des jeunes gens qui
veulent d'emblée se masturber dans sa bouche, son vagin ou son anus.
Elle en ressentira un malaise et un désir de refuser bien
compréhensible. Et si un jeune homme ressent l'envie d'échanger des
caresses avec un autre jeune homme, il pourra s'interroger s'il est
homosexuel. Et s'il est homophobe il rejettera ce désir avec
violence. En cas de décompression tactile, de la privation brusque
de caresses, causée par exemple par un divorce, un deuil, la
souffrance sera intense. Ce sera une souffrance bavarde. On
n'arrêtera pas de se plaindre. Bouleversé, on commettra des oublis.
On recherchera la compagnie d'animaux familiers. Et loin de chercher
des câlins, la souffrance à eux associée, fera même qu'on les
refusera.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 22 septembre 2013
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire