J'ai passé quarante
années de ma vie à vouloir faire « comme tout le monde »
dans le domaine du sexe. C'est-à-dire, avoir une petite amie. Devoir
« faire l'amour » régulièrement avec elle. Partager ma
vie avec elle. Si possible – ce qui n'est pas arrivé – avoir des
enfants et les élever avec elle.
J'ai mis quarante années
à réaliser que la prétention à réduire le « sexe » – en fait la relation chaleureuse et tactile avec l'autre – à un
exercice de coïts réguliers était une de plus abominables
imbécilités que notre civilisation ait inventé.
En effet, les humains,
contrairement à la pensée unique régnante ne sont pas « la
seule espèce animale qui a tout le temps envie de faire l'amour ».
Il s'agit d'un auto-conditionnement, un dressage culturel.
Mais « la pensée
unique » possède d'incalculables ressources pour continuer à
se justifier quand elle est contestée.
Je disais dernièrement à
une amie que j'avais décidé de cesser d'écouter la pensée unique
et allais m'écouter moi-même. Si je n'ai pas envie de faire l'amour
en permanence, eh bien, je ne le ferai pas. Ne le chercherai pas. Et
tant pis si ça ne correspond à aucun genre de conduite reconnue
comme catégorisable dans notre société française et parisienne.
Mon amie a opiné. Et
quinze jours plus tard, voilà qu'elle me déclare « asexuel ».
J'appartiendrais à une « minorité sexuelle » qui
cherche à se faire reconnaître de nos jours.
Une autre amie, qui est
aussi mon ex compagne, m'ayant écouté, me sort tout de go : « il
faut que tu rencontre une femme qui n'aime pas faire l'amour. Que
vous viviez ensemble. Tu la rendras heureuse. »
Mais je ne suis ni
asexuel. Ni n'aspire à rencontrer une femme qui n'aime pas faire
l'amour pour vivre avec elle et la rendre heureuse ! Je souhaite
simplement être authentique et m'écouter. Et tant pis si les autres
ne le comprennent pas !
Un ami m'a déclaré que
ce que je lui expliquais à mon propos l'étonnait. Il n'avait
jusqu'à présent jamais rencontré quelqu'un qui lui tienne un
pareil discours. Et, quant à lui, il avait toujours envie de « faire
l'amour ». Il m'a même posé une autre question : « ne
serais-tu pas homosexuel ? »
Et voilà, la boucle est
bouclée. On n'a pas le droit d'être soi-même. Si on ne suit pas
les rails de la pensée unique. Ou on désire les filles tout le
temps. Ou on est « asexuel » ou « homosexuel »
!!
Si une jeune et jolie
fille accepte d'être nue en compagnie d'un homme. Accepte d'être
serrée dans ses bras, embrassée, caressée, léchée, sucée,
doigtée... mais refuse l'acte sexuel, on dira qu'elle est
« coincée ». Qu'elle a « un problème ».
Et si c'était justement
l'inverse ? Celui ou celle qui ne cesse de chercher l'acte sexuel
serait justement « coincé », aurait « un
problème » ? Qu'on me démontre le contraire ! Je crois
surtout que mon propos dérange les machos et leurs émules féminins,
les « machos » de sexe féminin.
Je ne plaide pas contre
le sexe, l'acte sexuel. Je ne suis pas non plus asexuel. Mais j'ai le
droit d'être moi. Et refuser d'être un zombi obsédé obéissant à
la pensée unique régnante.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 2 mai 2013
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