La société où nous
vivons prétend gérer notre sexualité, par delà notre volonté.
Cependant, ce faisant, elle a énormément de mal à définir de quoi
il s'agit. Où cela commence et fini. Ce qui est autorisé, interdit
ou seulement toléré. Dans certains cas l'absurde pointe son nez.
La loi et la médecine
exigent l'autorité. La loi en France va jusqu'à nier la réalité.
Ainsi, au cas où un enfant nait conçu par des parents proches, par
exemple frère et sœur, père et fille. Le père de l'enfant n'a pas
alors le droit de reconnaître sa paternité ! L'enfant existe, mais
officiellement est l'œuvre du Saint Esprit, probablement.
Dans le code pénal
français existe un délit qui concerne le sexe : l'« attentat
à la pudeur ». Ce concept fourre-tout, qui veut tout dire et
ne rien dire, a été inventé pour le code pénal en 1810. On
imagine une époque où montrer sa cheville était érotique...
Depuis, la société française a beaucoup changé. Le concept est
toujours là, à l'appréciation des juges et à la charge des
avocats de défendre leurs clients ainsi accusés.
Dans un récent procès
très médiatisé, une jeune femme accusait une célébrité de
l'avoir invité dans une garçonnière. S'être jeté sur elle. Avoir
cherché de force à la déshabiller. Et elle avait réussi à fuir.
Les juges ont conclu à l'attentat à la pudeur. Délit prescrit au
bout de trois ans et l'agression, reconnue par les juges, remontait à
plus. L'agresseur a échappé à la condamnation.
S'il s'était agit d'une
« tentative de viol », alors la prescription étant de
dix ans. Il aurait été passible d'une lourde peine de prison.
Le viol est défini par
la loi française comme une pénétration. Mais où fini l'attentat à
la pudeur. Et où commence la tentative de viol ? Mystère.
L'agresseur cherchait probablement à arracher les vêtements de la
jeune femme seulement pour entreprendre de la dessiner.
Cette dichotomie de la
gravité entre agression sexuelle et viol conduit à des faits
tragiques.
En 1988, j'ai entendu
parler d'une affaire pénale concernant une famille en Bretagne,
victime d'un sadique. Au nombre des victimes était une petite fille
de quatre ans. On ignorait ce qu'elle avait subit exactement.
Visiblement gravement choquée depuis ce qui lui était arrivé, elle
ne parlait plus.
Alors, on a fait « une
expertise gynécologique ». C'est-à-dire que, en plus de ce
qu'elle avait déjà subi de la part du sadique, on lui a infligé un
doigt dans le vagin pour vérifier si l'hymen était intact. Il
l'était. Conclusion des enquêteurs qui traitaient l'affaire, ainsi
que de la famille : « ce n'est pas si grave ce qu'elle a subi,
puisqu'elle est toujours vierge ».
Tout son attitude
affirmait le contraire ! Mais la sacro-sainte virginité a encore
semble-t-il de la valeur. Tout en moins à cette époque et en
Bretagne.
Mais où et quand débute
notre vie sexuelle ? Là, je veux rapporter trois anecdotes :
En 1976, j'avais 25 ans.
J'étais en vacances au camping du lac de Pont, en Bourgogne. Une
jeune fille, dont le papa était commissaire de police en Hollande,
me poursuivait avec insistance de ses assiduités. Ses intentions
étaient aussi claires que mon indifférence envers elle. Elle en
vint même un jour à me donner un coup de poing pour exprimer son
intérêt pour moi. Voyant cela, deux dragueurs professionnels se
regardèrent. Et l'un dit à l'autre devant moi : « il faudra
faire quelque chose ! » J'ignore s'ils ont fait « quelque
chose ». Je n'ai pas cherché à le savoir.
Vers la même époque,
j'étais dans une sorte de camp de vacances, dans la même région.
Une autre jeune fille s'est intéressée à moi. Pas qu'à moi, car
elle était manifestement très friande de la chose. Je l'ai vu
draguer un beau jeune homme. Puis elle a essayé de faire la même
chose avec moi. Enfin, elle a jeté son dévolu sur le cuisinier et a
déménagé dans sa chambre à lui. Entre-temps, j'ai assisté à
l'engueulade de la sœur ainée de la jeune fille par un jeune homme.
Ce dernier, voyant ce qui se passait, l'a admonesté en lui disant :
« toi, en tant que sa sœur, tu as le devoir de lui procurer la
pilule ! » Car la petite n'usait d'aucune contraception.
Les deux jeunes filles
dont j'ai parlé ici, et qui ont vainement tenté de me draguer,
avaient en commun leur âge : treize ans. Selon la loi française, en
dessous de quinze ans on est un enfant. Elles étaient plus au fait
du sexe et de sa pratique que le grand jeune homme timide que
j'étais. Céder aux avances sexuelles de ces deux dragueuses, ce que
je n'ai pas fait, officiellement aurait été de la pédophilie.
Passible de l'opprobre et l'horreur générale et assortie de longues
années de prison. Et draguer ainsi un « vieux », de la
part de ces filles, qu'était-ce ? De la « gérontophilie »
?
Autre anecdote : dans les
années 1980, j'étais en vacances dans un camping dans les alpes. Je
crois que c'était à Ceillac. J'observais un spectacle curieux : une
famille de Lyon. Le père très gentil, la mère que j'ai moins vu et
la fille. Cette grande et belle jeune fille avait une poitrine
développée, une taille respectable, une féminité affirmée.
Cependant, elle restait à jouer comme une petite fille et se
comportait exactement comme une fillette. Son père m'a indiqué
l'âge de sa fille, avec une légère gêne dans la voix : elle avait
douze ans. C'était effectivement une petite fille, dans un corps de
femme.
Les deux dragueuses dont
j'ai parlé juste avant faisaient physiquement plutôt petites
filles, surtout la deuxième. C'était des femmes dans des corps de
très jeunes filles ou même de petites filles.
Quand est-ce qu'une
fillette devient une femme ? Certains prétendent que la réponse est
: « quand elles ont leurs premières règles ». Cette
réponse me paraît absurde. En effet, la jeune fille de Lyon était
très probablement réglée. Mais était moralement une fillette. Ça
se voyait à son comportement. Cette situation ne posait aucun
problème. Mais tout le monde n'est pas du même avis.
J'ai regardé par hasard
il y a quelques jours la fin d'une émission de télévision. Elle
parlait des filles « trop tôt réglées » ! Au nom de
quoi peut-on prétendre que avoir ses règles à dix ans au lieu de
treize ou quatorze, est un incident regrettable et à éviter ? Mais
il existe des apprentis-sorciers qui décrètent qu'il faut un geste
médical pour intervenir à temps et empêcher cela !
Des fillettes sont ainsi
traînées de nos jours par leurs parents chez le gynécologue. Là,
on leur fait quantité d'examens écho-graphiques. On leur donne, je
suppose, des hormones. Pour s'appliquer à retarder l'arrivée des
règles. Une fillette peut être régulièrement traitée de la sorte
durant deux ans ! Elle est suivie médicalement comme si elle était
très malade. C'est moralement très lourd et financièrement très
rentable. Le commentateur de l'émission prenait soin de dire que
c'est « un traitement sans dangers ». Je voudrais bien
vous y voir avec ce traitement « sans dangers » ! A jouer
ainsi à dérégler l'horloge de la Nature, que sait-on de ce que
pourront développer plus tard les filles ainsi traitées ? Un cancer
du col de l'utérus à cinquante ans ? Et là on dira : « on ne
savait pas ».
Ce que j'ai bien relevé,
c'est l'air ravi du père de la fille ainsi traitée. « Comme
ça, disait-il, elle restera une petite fille le temps qu'il faudra
et seulement après deviendra une femme ».
Il veut qu'elle reste une
petite fille pour elle ou pour lui ? C'est pour économiser le prix
d'achat des serviettes hygiéniques ? Dans quel monde vit-on ?
Basile, philosophe
naïf, Paris le 8 avril 2013
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