J'ai vu ainsi polémiquer
autour du mot « travail ». Un étudiant en école
dentaire, du nom de R***, il y a trente-six ans de ça s'accrochait
avec moi et un autre à propos du mot « travail ». Il
refusait d'accepter l'idée que les prostituées travaillaient. « Non
! Ce n'est pas un travail ! » s'entêtait-il à affirmer.
Plus récemment, j'ai
retrouvé un écho de cette polémique sur le mot « travail »
dans les annonces données par haut-parleur dans les stations du
métro parisien. En gros, une de ces annonces dit : « Faites
attention à vos affaires personnelles, des pickpockets sont
susceptibles d'agir dans cette station ! » Le mot
« travailler » est soigneusement évité.
Parce que voler des
portefeuilles pour gagner sa vie ne serait pas un travail ? Si, c'est
un travail malhonnête et risqué, mais un travail quand même.
Parce que fabriquer des
armes dans une usine de guerre pour tuer des gens, ça, ce serait un
travail ? Et ce ne serait pas un travail de voler des portefeuilles
sans tuer personne ?
Cette comparaison
défavorable m'en rappelle une autre. C'est très chic de s'en aller
cigarette au bec. En revanche, se mettre les doigts dans le nez est
considéré comme vulgaire et mal élevé. Pourtant, se mettre les
doigts dans le nez n'a jamais donné le cancer, fumer si.
Revenons-en aux mots. On
voit des kilos de pages couvertes d'écritures pour chercher à
définir tel ou tel mot.
Et il y a pire encore.
D'autres kilos de pages couvertes d'écritures pour commenter les
commentateurs.
C'est, bien sûr, plus
confortable que de chercher à étudier, décrire et analyser la
vie-même. Ça nous implique moins et permet de noircir aisément
beaucoup de pages pour lesquelles certains reçoivent même une
rémunération. Beaucoup d'inutiles et somnifères ouvrages de
philosophie commentent ainsi les commentateurs. Au lieu de se pencher
sur le livre de la vie.
Ils sont pour la
philosophie comme sont pour la musique ces mauvais professeurs de
piano qui vous dégoûtent de l'étude et la pratique de la musique.
Ou pour la littérature française comme ces ouvrages qui vous ôte
définitivement envie de la lire.
Quand un livre se révèle
pénible à lire, voire carrément illisible, ce n'est pas forcément
parce que vous êtes bête ou pas assez cultivé. Cela peut être
aussi parce qu'il est mal écrit.
Nos élites
intellectuelles officielles débordent de singes savants, ou plutôt
d'ânes savants. Mais arrêtons d'insulter indirectement les honnêtes
ânes et honnêtes singes. Appelons nos lumières ténébreuses
des imbéciles tout courts.
Ils sont les plus beaux
fleurons de la culture officielle, autrement dit : la bêtise
officielle, et de l'art officiel, autrement dit : la laideur
officielle.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 14 janvier 2013
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