jeudi 1 septembre 2016

639 Les garçons qui font semblant d'atteindre « l'orgasme »

Quand on parle du « plaisir sexuel », il est courant d'évoquer le fait que beaucoup de femmes font semblant de jouir. Elles le font parce qu'elles s'ennuient durant l'acte sexuel. Et cherchent à l'abréger au plus vite en excitant l'homme afin qu'il finisse « sa petite affaire ». En revanche, on n'entend pas parler des hommes qui font semblant. Une des raisons est que le mythe de l'homme toujours et facilement satisfait sexuellement participe de sa pseudo-supériorité sur la femme.

Avant d'arrêter, j'ai longtemps consommé de la pornographie. Quand on observe avec attention des vidéos ou photos pornographiques sur Internet, on peut chercher à décrypter les visages des « acteurs » et « actrices ». Il est fréquent de constater que visiblement ils s'ennuient. Ce qui est frappant c'est la misère sensuelle des scènes. On ne s'intéresse qu'à l'acte sexuel. On néglige tout le reste. Des femmes nues et magnifiques ne reçoivent aucune caresse. On pourrait penser que c'est là une exigence des scénarios. C'est ce que j'ai pensé. J'ai à présent une autre explication.

La pratique régulière de la toxicomanie masturbationnelle endorphinique masculine amène un effondrement de la sensibilité corporelle masculine. Au cours des années, j'ai pu ainsi voir ma sensibilité corporelle s'évaporer. J'attribuais ce phénomène à des « problèmes psychologiques », à l'existence de longues périodes sans échanges sexuels. Alors que le problème aurait en fait une autre source : la pratique régulière de la masturbation qui tend à effacer la sensibilité masculine générale.

L'arrêt de la masturbation et de la pornographie rendrait-elle cette sensibilité corporelle disparue ? Pour moi il est trop tôt pour le dire. Ce qui est certain en revanche, c'est qu'il suffit de quelques mois de sevrage pour trouver une tranquillité et une sensibilité considérablement accrues. Pouvoir vivre l'amour d'une manière riche et désintéressée est un acquis très précieux.

Il est bien évident que quantité de garçons font semblant d'apprécier l'acte sexuel, mais en fait s'ennuie durant celui-ci. Sinon, ils ne s'empresseraient pas de quitter leur copine ! Un vieil ami me disait : « si les hommes jouissaient vraiment chaque fois qu'ils font l'amour, ça se saurait ! »

Mais les « contes et légendes » du sexe ont la vie dure ! On peut encore lire des articles où très abusivement l'éjaculation est présentée comme synonyme d'un extraordinaire plaisir baptisé « orgasme ». Où les caresses sont traitées de « préliminaires » ou « postludes » du coït roi.

L'effondrement de la sensibilité masculine causé par la masturbation s'accompagne du refus des femmes de se laisser trop prendre par des caresses s'il y en a. Les relations sensuelles entre homme et femme se vident complètement de leur contenu. À force de vouloir arbitrairement faire sexe le plus possible, on finit par ne plus rien faire du tout. L'acte sexuel artificiellement isolé et ramené est une chose triste. On le voit même justifié comme un acte hygiénique au même titre que « se brosser les dents » ! Se brosser les dents prévient la carie dentaire. Faire l'amour préviendrait la carie sentimentale de la « séparation ». Mais la « séparation » est-elle possible entre deux personnes qui n'ont rien à se dire ? Elles sont déjà séparées ou n'ont jamais été vraiment ensemble! On invoque les méfaits de « la routine ». Mais parle-t-on de la routine des vacances qui nous ôterait l'envie d'en profiter ? Non, il s'agit d'autre chose. De la tâche impossible d'adapter la toxicomanie masturbationnelle endorphinique masculine à la relation entre un homme et une femme. On en vient à invoquer les « engagements », les « sentiments durables » et autres concepts destinés à étayer une maison dépourvue de fondations, bâtie sur du sable et en voie de désintégration. On invoque l'ébriété endorphinique des premiers moments de la rencontre. En ces occasions les amoureux sont saouls d'endorphines. Ce serait un modèle à suivre. Mais la vie peut-elle se résumer et avoir pour but l'ivresse ? Après l'ivresse on cuve, que ce soit des endorphines ou de l'alcool. Et on se réveille.

Basile, philosophe naïf, Paris le 1er septembre 2016

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