mercredi 11 février 2015

346 Le problème central de l'ASO

Cette nuit, j'ai fait mon plus beau rêve érotique. J'étais en compagnie de la première petite amie que j'ai eu dans ma vie. Après quelques hésitations, nous nous sommes mis nus. Et nous sommes fait toutes les caresses possibles, y compris les plus intimes. J'ai enfin caressé le sexe de mon amie, elle a pris mon sexe dans sa main. Cependant, à aucun moment nous nous sommes soumis à l'effarante et effrayante stupidité dévastatrice consistant à nous soumettre à la règle de l'Acte Sexuel Obligatoire. Ça n'est pas parce qu'on se fait du bien et qu'on est nu qu'on doit absolument mettre l'oiseau dans le nid. Puis, à un moment-donné nous avons entendu venir. Nous avons échangé quelques mots : « il y a deux personnes qui ont la clé ». Nous nous sommes cachés sous une grande couverture, seules nos têtes dépassaient au dehors. La porte s'est ouverte. A la personne qui entrait, nous avons dit : « nous avons dormi nus ensemble ». Et je me suis réveillé. Ce rêve était parfaitement beau, parce qu'il comportait une relation nue sans ASO.

Qu'est-ce que l'ASO ? C'est le grand problème, le problème central de notre société. ASO est un mot formé des premières lettres de « Acte Sexuel Obligatoire ». C'est une des folies les plus répandues et les plus destructrices de notre société. Il n'y a en fait jamais d'obligation d'acte sexuel. Or, notre culture comporte un pesant et terrible bourrage de crâne : dans telle ou telle circonstance, il faut baiser. Il n'y a pas plus énorme et gigantesque ânerie, pire stupidité, plus grand délire. Et l'acte sexuel ? Bien sûr, il peut arriver. Mais en aucun cas il ne doit arriver parce qu'on croit que c'est une tâche à remplir. Il ne faut pas se créer de faux besoins. Et quand on se plie au mythe de l'ASO et aux discours démagogiques qui l'accompagnent, l'amour devient impossible dans la durée. L'ASO liquide, fait fondre, déstabilise, assèche, trahit, détruit, volatilise, désintègre, défigure, pollue, anéanti, dévaste, pourri, dénature l'amour.

Notre société est asiste. Elle croit en l'ASO. Elle est folle. A nous la charge et l'effort à faire pour refuser la folie. Comme dans mon rêve érotique. Je caressais mon amie, y compris son sexe. Elle me caressait et elle prenait mon sexe dans sa main. Mais nous ne tombions pas dans l'abime de l'ASO.

Quand je me remémore mes relations intimes passées, je constate que les seules qui restent satisfaisantes sont celles qui ne se sont pas conformées aux ordres dévastateurs de l'ASO.

En 1992, une jolie fille vient chez moi. Passe la nuit sur un matelas au pied de mon lit. Le matin : caresses. Je me dit dans ma tête : « voyons, visiblement les problèmes avec les filles surgissent en lien avec l'acte sexuel. Là, pour les éviter, je vais éviter l'acte ». Nous avons échangé plein d'agréables caresses, finissant nus l'un contre l'autre. Je cherchais uniquement à faire le plus plaisir à ma partenaire sans chercher à me plier à la stupide règle abusive de l'ASO. C'était une expérience tentée. Tout s'est très bien passé. Par la suite, il est arrivé qu'on échange quelques bien agréables caresses. Toujours sans ASO. Ça s'est terminé bien des années après parce que ma partenaire était une adepte de l'ASO. Elle y ajoutait le rêve de verrouiller avec l'ASO une relation obligée et obligatoire qui la ferait échapper à la solitude. Verrouillée y compris avec un enfant. J'étais clair et avais réalisé que les caresses oui, mais l'acte non, avec elle, il ne m'intéressait pas. Alors ma partenaire s'est éloignée. A la recherche d'une proie à capturer pour meubler sa solitude.

Une autre relation était restée hors ASO tout simplement parce que je n'ai pas bandé. Mon corps matériel était plus conscient de la réalité de la relation et du caractère incongru de l'ASO que moi. Par la suite, mon orientation asiste a convaincu l'autre d'arrêter. J'en ai ressenti un bref et terrible chagrin dont jusqu'à aujourd'hui je n'avais pas compris le motif de l'intensité.

J'ai connu une relation idéale avec une partenaire que j'ai traité sur un mode expérimental. Je me suis dit, ne sachant ce qui était juste exactement de faire, que je me tiendrais exclusivement à ses propositions et n'en ferais aucune. Elle n'a sollicité que des caresses. A ignoré l'ASO. Ce fut une relation satisfaisante et d'une grande plénitude. Enfin, il m'est arrivé d'héberger durant dix jours une jolie fille en vacances. J'ai tout de suite vu qu'elle avait une tendance asiste. Mais n'était en fait pas du tout prête à l'assumer jusqu'au bout. J'ai soigneusement évité de donner suite à son asisme.

Peut être m'a-t-elle vu nu le matin, quand elle était sensée dormir et que je me levais. Elle a sans doute feint de dormir pour m'espionner. Mais son désir n'avait aucune importance. Je voyais bien que ce qui était à l'ordre du jour n'était pas l'acte sexuel. Chercher à le ramener aurait été tout à fait abusif.

Le résultat de ma façon d'agir a été une merveilleuse et chaleureuse cohabitation de dix jours satisfaisante tout à fait pour nous deux. Succomber aux sirènes de l'ASO aurait gâché notre amitié.

A part des caresses je placerais le baiser sur la bouche. Car ce n'est pas une caresse buccale parmi d'autres. Il signifie littéralement : « je t'aime ». C'est en tous cas ainsi pour un certain nombre de personnes. Donc, il faut des fois savoir l'éviter quand les « je t'aime » ne sont pas à l'ordre du jour.

Tant que l'ASO dominera, l'amour périra. Quand l'ASO périra, l'amour vaincra. Et, en attendant sa victoire pleine et entière, sachons éliminer complètement l'ASO de nos relations. Il n'a rien à y faire, sauf du mal. Sans l'asisme, la vie est belle, merveilleuse, comme le rêve que j'ai fait où à la fin on se cache et assume en même temps son rejet de l'asisme. Dans ce rêve, nous disions au visiteur : « nous avons dormi nus », mais pas : « nous avons fait l'amour ».

Est-ce que mon discours est clair ici ? Peut-être il ne l'est pas. Je sais en tous cas qu'il est issu de plus d'un demi siècle de réflexions et expériences personnelles.

Ce qui rend très difficile d'identifier le problème de l'ASO, c'est que souvent on ne pose pas les bonnes questions. On croit très souvent et ça m'est arrivé, que la vraie question est : « pour ou contre le sexe ? » Ce qui est une question aussi absurde que : « pour ou contre le fait de manger ? » Dans certaines circonstances il est bon et juste de consommer de la nourriture. Et dans d'autres pas, par exemple il n'est pas bon de consommer des produits pourris ou vénéneux.

La question erronée « pour ou contre le sexe ? » égare d'autant plus que « le sexe » est une notion toute relative. A l'acte sexuel, qui n'est pas anodin, on joint une quantité de choses qui ont souvent pour caractéristiques d'être considérées comme interdites, incorrectes, sales. Jadis à Paris montrer sa cheville pour une femme était considérée comme érotique. J'ai connu le cas d'une dame née en 1939 qui voulait bien se retrouver nue en compagnie de son amant, mais en aucun cas lui laisser voir quand elle se déshabillait. L'acte de la voir se déshabiller lui paraissait d'une indécence absolue. Pour beaucoup, s'embrasser sur la bouche est considéré comme « sexuel ». J'ai connu une étudiante des Beaux-Arts de Paris qui embrassait ses connaissances sur la bouche, apparemment sans malice particulière. C'était sa façon à elle originale d'embrasser, sans pour autant draguer. Ou alors, j'ai été très naïf quand je l'ai connu ainsi au début des années 1970.

Ce qui complique encore plus la vision des choses, c'est que le « sexe » est non seulement interdit, mais en plus il est caché et on est sensé éviter d'en parler, sous peine d'être mal considéré. Et moins on parle, moins on risque d'avancer dans la compréhension des choses de la vie. Il est temps de réformer en douceur l'amour. De le débarrasser des scories du passé. L'ASO est une révoltante absurdité. Tout le monde en souffre et les femmes en sont les premières victimes. L'asisme nous opprime tous. Précipitons-le dans la poubelle de l'Histoire ! Ce qui nécessite d'abord notre effort sur nous-mêmes. La liberté et le bonheur sont au bout du chemin. Desasismons-nous !

Basile, philosophe naïf, Paris le 11 février 2015

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